Les Nations unies ont lancé mercredi un appel de fonds de 1,68 milliard de dollars (1,37 milliards d’euros) pour une aide humanitaire en faveur de la République démocratique du Congo, où la situation a atteint un « point de rupture ».
« L’ampleur de la crise en RDC est un véritable défi », a déclaré le représentant de l’agence de l’ONU pour les migrants (OIM) dans ce pays, Jean-Philippe Chauzy, lors d’une conférence de presse à Genève.
« Personne ne s’attendait à ce que la crise humanitaire s’aggrave à ce point l’an dernier », a-t-il ajouté.
Ancienne colonie belge devenue indépendante en 1960, la RDC est depuis en proie à une instabilité chronique.
La situation humanitaire, qui a atteint un « point de rupture », s’est nettement détériorée en 2017 « en raison de la grave escalade du conflit et de l’insécurité généralisée », a relevé l’OIM dans un communiqué.
Face à cette détérioration, l’ONU demande 1,37 milliard d’euros pour ses opérations humanitaires en RDC cette année, le double des fonds demandés en 2017, a souligné M. Chauzy.
« Si nous n’obtenons pas un tel niveau de financement, des gens vont mourir. Je veux être clair à ce sujet », a-t-il dit.
Cette mise en garde intervient alors que trois autres agences humanitaires de l’ONU ont lancé mercredi un appel d’urgence pour prévenir la famine dans le Kasaï, région du centre de la RDC qui a connu des violences massives en 2016-2017.
« Le temps presse pour sauver des centaines de milliers de vies », ont averti l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et le Programme alimentaire mondial (PAM), dans un communiqué conjoint.
« Les agriculteurs qui ont fui leurs villages à cause du conflit ont raté trois saisons agricoles successives. L’aide alimentaire ne parvient pas à combler le vide », ont-elles relevé.
Seulement 400.000 des 3,2 millions de personnes souffrant d’insécurité alimentaire grave au Kasaï ont reçu une aide en décembre, selon l’ONU.
« Le gouvernement congolais et la communauté internationale doivent se réengager sur tous les fronts pour prévenir une famine majeure au Kasaï », a affirmé le représentant du PAM en RDC, Claude Jibidar.
« Au moins 400.000 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë sévère. Ils risquent de mourir, à moins de recevoir de toute urgence une aide en matière de santé, d’eau, d’assainissement et de nutrition », selon l’Unicef.
La RDC est rongée par de graves crises politique, sécuritaire et humanitaire. Le climat politique est particulièrement tendu en raison du maintien au pouvoir du président Joseph Kabila dont le mandat a expiré depuis fin décembre 2016.