L’Onu reconduit sa mission en RDC et appelle à des élections crédibles

Deux Casques bleus ont été tués lundi dans l'est de la République démocratique du Congo

L’Onu a reconduit mercredi 30 mars pour un an sa mission en République démocratique du Congo (Monusco) et a appelé Kinshasa à tenir rapidement des élections libres et crédibles, indique l’AFP.

Une résolution proposée par la France et adoptée à l’unanimité « exhorte le gouvernement et toutes les parties prenantes à garantir un processus électoral libre, équitable, crédible » et la tenue d’élections « en temps voulu, en accord avec la constitution ».

Des élections sont prévues en RDC en novembre prochain mais cette perspective semble s’éloigner.

L’opposition accuse le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, de vouloir contourner l’interdiction constitutionnelle qui lui est faite de se représenter.

Cette résolution « recentre et renforce le mandat de la Monusco autour de deux priorités (…): la protection des civils dans le cadre de la lutte contre les groupes armés et le soutien à la tenue d’élections crédibles, pacifiques et démocratiques », a déclaré à des journalistes l’ambassadeur français auprès de l’Onu, François Delattre, cité par l’AFP.

La résolution ne change pas l’effectif actuel ni le nombre maximum autorisé de Casques bleus, qui reste fixé à plus de 21.000 soldats et policiers, alors que Kinshasa insiste sur un retrait rapide de la Monusco, note l’agence de presse française.

Le Conseil de sécurité se contente de « prendre note » de la recommandation du secrétaire général Ban Ki-moon de réduire de 1 700 l’effectif militaire de la mission.

Le Conseil réaffirme être prêt à réduire les effectifs « quand des progrès importants auront été réalisés » pour atteindre les objectifs prioritaires de la mission, notamment la protection des civils et la lutte contre les groupes armés qui opèrent dans l’est du pays.

Le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, avait souhaité le 23 mars devant le Conseil que le nombre de Casques bleus soit réduit de moitié d’ici la fin de l’année.

« Le Conseil a décidé de préserver les effectifs de la force car les défis auxquels doit faire face le pays restent très importants et qu’il est de la responsabilité de la communauté internationale (…) de l’accompagner dans cette période », a expliqué François Delattre cité par l’AFP.

Dans sa résolution, le Conseil réaffirme que « la sortie de la Monusco doit être graduelle et progressive, liée à la réalisation d’objectifs spécifiques ».

En attendant, il exhorte Kinshasa à « reprendre immédiatement les opérations militaires conjointes » entre son armée et la Monusco contre les rebelles des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda).

L’Onu avait annoncé début mars la reprise prochaine de cette coopération militaire. Elle était suspendue depuis février 2015, l’Onu reprochant à Kinshasa d’avoir nommé pour mener les opérations deux généraux soupçonnés de graves violations des droits de l’homme.

Regret de la RDC

Après l’adoption de cette résolution renouvelant le mandat de la Monusco, l’ambassadeur de la RDC à l’Onu, Ignace Gata Mavita, a dit prendre acte. Mais il a regretté que le texte n’ait pas tenu compte du point de vue de son gouvernement sur certaines questions.

« Tout en remerciant le conseil pour cet acte et à travers votre organe, l’Organisation des nations unies, mon gouvernement regrette et, ne peut s’en cacher, que la résolution ait choisi d’ignorer le point de vue pertinent de la RDC sur des questions essentielles qui engagent son avenir notamment sur les élections, la lutte contre les groupes armés et la réduction de la force de la Monusco », a-t-il déclaré.

Au sujet des élections, il a affirmé que la RDC tenait à « l’organisation des élections libres et respectueuses des standards internationaux en matière d’inclusivité, de transparence et de crédibilité ».