L’ONU s’inquiète d’un «rétrécissement de l’espace démocratique» en RDC

Michael Sharp et Zaida Catalán enquêtaient vraisemblablement sur des affrontements

En République démocratique du Congo, la multiplication des violations des droits de l’homme à caractère politique risque de peser sur la crédibilité du processus électoral à venir. C’est ce qu’estime le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme.

Dans un rapport publié ce mardi matin, il dit avoir recensé entre le 1er janvier et le 30 septembre pas moins de 143 violations qui concernent des centaines de personnes, opposants pour l’essentiel, mais aussi des membres de la société civile et des journalistes. Pour l’ONU, l’espace démocratique est bel et bien en train de se réduire en RDC.

Depuis le début de l’année, l’ONU s’inquiète d’une « répression inquiétante » en RDC où elle a documenté « 143 violations des droits de l’homme en lien avec le processus électoral », au cours des trois premiers trimestres de 2015, période pendant laquelle « au moins 649 personnes ont été arrêtées et détenues arbitrairement ». Et la tendance se confirmerait depuis avec en octobre et novembre pas moins de 71 violations à caractère politique.

L’année a mal commencé en janvier, avec des manifestations, dont certaines violentes, contre l’une des dispositions de la loi électorale qui laissait craindre un glissement du calendrier. Des manifestations violemment réprimées, selon l’ONU, avec au moins 20 exécutions sommaires, 70 blessés, des arrestations et détentions arbitraires et si les manifestants ont été jugés, les policiers et militaires impliqués dans ces violations n’ont fait l’objet d’aucune poursuite. Ce qui, selon le bureau conjoint, pose de questions sur l’indépendance de la justice.

Premières victimes : l’opposition, la société civile et les journalistes

Depuis, l’usage excessif de la force serait devenu, toujours selon les Nations unies, le modus operandi pour disperser les manifestations critiques envers le gouvernement. Les principales victimes de ces violations sont avant tout les membres de l’opposition, suivis par ceux de la société civile et même des journalistes.

Pour ce qui est de leur répartition géographique, elles interviennent dans les provinces où « les partis d’opposition et la société civile sont les plus actifs, ou dans les provinces convoitées tant par la majorité que par l’opposition ». En tête, Kinshasa et les Kivus. Le rapport parle sans détour de restriction de l’espace démocratique et recommande aux autorités congolaises de l’ouvrir pour garantir la crédibilité du processus électoral.