La présence de la fièvre hémorragique à virus Ebola en Afrique de l’Ouest continue de défrayer la chronique. Et la note n°09-014 du bureau de représentation de l’OMS en République démocratique du Congo, rapporte que, depuis mars 2014, 1 323 cas ont été confirmés et suspectés, dont 729 décès en Guinée, au Liberia et en Sierra-Leone. Dans sa propagation, ce virus a même atteint le Nigeria. L’unique personne qui a été détectée en est morte. Outre les mesures de prévention qu’il a annoncées en date du 31 juillet 2014, le ministre de la Santé publique a également sensibilisé la population à observer des mesures d’hygiène individuelles et collectives, particulièrement à se laver les mains fréquemment avec du savon ou avec les solutions de lavage des mains hydro-alcoolique.
Redoubler d’ardeur
Si, d’une part, on peut apprécier les mesures préventives prises par le gouvernement, de l’autre, on déplore l’absence d’un suivi permanent de toutes ces dispositions, de motivation des agents sanitaires et l’insuffisance de campagnes de sensibilisation.
Face à la progression de la fièvre hémorragique à virus Ebola, le gouvernement de la République démocratique du Congo doit redoubler d’ardeur. D’autant plus qu’au cours de la semaine du 28 juillet 2014, un cas suspect a été détecté, notamment une fillette de 4 ans dans la zone de santé de Ganga-Dingila, district de l’Ituri, en Province Orientale. Elle est décédée par la suite. Un premier échantillon prélevé par MSF-CH et analysé au laboratoire d’Entebbe, en Ouganda, s’est révélé négatif. Un deuxième a été envoyé à l’Institut national de recherche biomédicale de Kinshasa (INRB) pour des analyses supplémentaires.
Si les résultats qui sont attendus s’avéraient positifs, le gouvernement congolais devra penser au renforcement de ses mesures de prévention. Mais, comme on le dit, il faut précéder les événements. Pour ce faire, il y a lieu d’intensifier les campagnes de sensibilisation à tous les niveaux : du gouvernement central à la base. En attendant les résultats de l’INRB sur l’échantillon prélevé en Province Orientale, la Société civile doit emboîter les pas au gouvernement en jouant pleinement son rôle d’encadreur de la population à la base au lieu de s’adonner plus à la politique. C’est ici qu’il faut féliciter la Nouvelle Société civile du Congo qui s’est, récemment, penchée sur les tracasseries policières dont sont souvent victimes les conducteurs de taxi-motos à Kinshasa comme à l’intérieur du pays.
Sous la houlette du ministère ayant en charge l’Initiation à la nouvelle citoyenneté, des actions de grande envergure doivent être envisagées. Cela sous-entend que la constitution d’une commission nationale de crise s’avère nécessaire et devra s’étendre en provinces.
C’est aussi le moment pour les partis politiques qui se proclament de défenseurs du peuple d’observer une trêve des débats parfois inopportuns pour se préoccuper des personnes qui les mandatent dans les différentes institutions. Ces personnes étant aujourd’hui menacées par un phénomène social dangereux, n’est-ce pas le moment d’oublier un peu leurs divergences des vues et évoluer en étroite collaboration ?
Il est certes vrai que la grande responsabilité incombe au gouvernement, mais n’empêche que les acteurs de la Société civile et des partis politiques puissent jouer leur rôle d’encadreurs de la population en initiant des campagnes efficaces de sensibilisation.
Comme on peut le constater, la prévention de la fièvre hémorragique à virus Ebola doit concerner tout le monde, individuellement et collectivement.
En séjour à Kinshasa, un médecin chef d’une des zones de santé a laissé entendre que les mesures annoncées le 31 juillet dernier risquent d’être inefficaces tant qu’elles ne seront pas accompagnées d’une motivation conséquente des agents devant animer les campagnes de sensibilisation. Les gouvernements national et provinciaux de la RDC devront donc mettre les bouchées doubles pour épargner la population de cette épidémie virale