Annonce alarmante d’une maladie d’origine inconnue qui endeuille les populations du secteur de Djera situé non loin de Boende dans la province de l’Equateur. Survenance malheureuse qui coïncide avec l’apparition de la fièvre hémorragique d’Ebola dans quelques pays d’Afrique de l’Ouest assortie d’ores et déjà d’un millier de morts. Toutefois, l’OMS appelle, sous réserve des résultats d’analyse des échantillons aux laboratoires, à ne pas tirer des conclusions hâtives. Pas suffisant pour empêcher la psychose !
Une maladie inconnue et mystérieuse a déjà fait 70 morts, selon l’agence britannique Reuters, citant une source de l’Organisation mondiale de la santé, OMS. Toutefois, les symptômes de cette maladie ont plongé l’ensemble de la population congolaise dans la psychose. Selon des villageois joints par notre Rédaction, cette situation remonte au mois de juillet dernier.
Selon la radio onusienne Okapi, « des sources sanitaires sur place affirment avoir été alertées depuis le mois de juillet sur une maladie contagieuse qui touche les trois aires de santé de Wetsikengo, Lokalia et Wafanya, dans le territoire de Boende. La maladie se caractérise par une forte diarrhée, de la fièvre et des vomissements ».
Or cette description est loin de calmer les esprits face à sa similitude avec les symptômes de la fièvre hémorragique à virus Ebola. Au gouvernorat de l’Equateur, on ne s’alarme pas pour autant. Joint au téléphone, Michel Wangi, coordonnateur de la cellule de communication du gouverneur intérimaire précise : « Effectivement, une maladie s’est propagée à Boende, mais on ne connaît pas son origine. Le gouvernement a dépêché une équipe d’experts de l’INRB (Institut national de recherches biomédicales) depuis mercredi à Boende conduite par le ministre de la Santé publique Félix Kabange Numbi et le gouverneur intérimaire Sébastien Impeto ».
En plus des Congolais, l’Organisation mondiale de la santé et Médecins sans frontières se sont également associés à l’expédition sanito-humanitaire. L’équipe aurait bénéficié du concours de l’avion présidentielle afin d’effectuer en urgence le déplacement de Boende. Une manière de prouver à la face du monde et de l’opinion congolaise que l’affaire est prise en charge au plus haut niveau de la République.
Selon une religieuse, « les maladies diarrhéiques et sanguinolentes sont fréquentes dans cette partie de l’Equateur ». Ce que semble confirmer Michel Wangi du gouvernorat de l’Equateur : « A ce stade, ici au gouvernorat de l’Equateur, on ne peut pas se prononcer sur la nature de la maladie. On attend que le ministre de la Santé publique et le gouverneur intérimaire ainsi que les experts rendent leurs conclusions ».
Jusque-là, selon nos sources, il y a moyen de contenir la progression de cette épidémie aux seules localités de Lokolia Moke, Lokolia-centre, Etuku, Iyolongo et Mpumu-Ntoma.
Pendant ce temps, le gouvernement met les bouchées doubles. Sous la direction du Premier ministre Matata Ponyo, l’Exécutif national se réunit régulièrement en cellule de crise sur la question. En toute discrétion, assure-t-on à la primature, pour plus d’efficacité.
Des échantillons prélevés
A ce stade, personne ne donne la nature exacte de la maladie. Radio Okapi constate que « des équipes de l’OMS et de la zone de santé de Boende, dépêchés sur les lieux, ont prélevé des échantillons qui sont actuellement analysés à l’Institut nationale des recherches biomédicales (INRB), à Kinshasa ». Sur son site, la radio onusienne poursuit : « En attendant les résultats des examens, le ministre Félix Kabange Numbi s’est engagé à envoyer une autre équipe de médecins à l’aire de santé de Djera, à une vingtaine de kilomètres de Boende. Cette mission va encore prélever de nouveaux échantillons qui permettront, dès ce week-end, d’avoir plus de détails sur cette maladie ».
La mission du ministre Félix Kabange Numbi n’a pas eu la tâche facile à la suite de l’enclavement de la contrée. Elle a recouru tantôt aux véhicules 4X4, tantôt aux motos, pire encore, certains tronçons ont été effectués à pieds. Cette progression en dents de scie a favorisé une éventuelle propagation de la mystérieuse maladie. Et pourtant, l’expédition Kabange Numbi était dans l’obligation de circonscrire le déplacement des populations jusqu’à obtenir toute la certitude de l’éradication de l’épidémie.
Pour sa part, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, se veut, lui aussi, rassurant sur le sujet : « C’est le ministre de la Santé publique qui en assurera la communication. Toutefois, retenez qu’il s’agit de la routine pour le ministère de la Santé avec le système d’alerte mis en place. On est même à la quatrième alerte. Le ministre de la Santé tient à en avoir le cœur net en envoyant les échantillons à des laboratoires d’Atlanta et de France ».
Ces propos pourront calmer la psychose qui semble s’installer pernicieusement dans l’opinion congolaise. Jusque-là, Ebola n’est pas signalée en République démocratique du Congo, selon des sources officielles.
La RDC réactive son plan national de contingence
La République démocratique du Congo a renforcé les mesures préventives et a réactivé son plan national de contingence chiffré à 2,3 millions de dollars américains pour faire face à la menace du virus Ebola.
Selon le ministre de la Santé publique, l’objectif est d’empêcher l’introduction de cette grave maladie en RDC à partir des foyers épidémiques, indique un communiqué de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publié mercredi à Kinshasa.
A ce jour, la RDC n’a enregistré aucun cas de la maladie à virus Ebola, mais les mouvements des personnes par avion interposé entre la RDC et les villes de l’Afrique de l’ouest ont poussé les autorités nationales à mettre en place un screening médical systématique dans les principaux points d’entrée, selon le communiqué.
En terme de préparation et de réponse, l’OMS a fourni à la RDC onze kits de protection personnelle (PPE) dont 4 à la division provinciale de la Santé (DPS) de Kinshasa, 2 au Programme national de l’hygiène aux frontières (PNHF), 2 au Programme national des urgences et actions humanitaire (PNUAH) et 2 autres au Bureau provincial de l’OMS Kinshasa.