Malgré la réunion de Kingakati: La majorité prête à exploser

Comme nous l’avions indiqué dans l’une de nos livraisons précédentes, le silence de Joseph Kabila inquiète la majorité. Ce, à tel point certains « frondeurs » de cette plate-forme politique se sont résolus à secouer le cocotier. Cela est parti des dissensions internes causées par de petites guerres de positionnement. Tout le monde bougeait pour taper dans l’œil du Chef. On se bouscule, on s’accuse de tout et de rien, on se rentre dedans, on prend une cuite politique, on se devient gris, volcanique. En défaveur de la majorité qui pourrait être dispersée, ventilée, éparpillée façon puzzle. Ainsi, certains leaders se sont résolus à avertir l’autorité morale.

Dans leur correspondance, ils voudraient exposer de vive voix et collégialement leurs inquiétudes et leurs préoccupations par rapport à l’évolution de la politique. A travers leur démarche, ils voudraient démontrer qu’après quinze ans d’exercice de pouvoir, pendant lesquelles le pays a été réunifié, doté d’une constitution, jeté les bases d’une démocratie véritable, engagé des reformes économiques majeures et mis fin à l’isolement diplomatique du pays, il est patent de constater un essoufflement qui se traduit par des faiblesses susceptibles d’annihiler le progrès réalisés.

Pour les signataires de cette lettre, le rejet des velléités de révision voire de changement de constitution, les violentes protestations de rue qui ont marqué  l’examen de la loi électorale et conduit à l’abandon de l’alinéa 3 de l’article 8 de ladite loi, ainsi que la difficile maitrise de la situation sécuritaire à l’est sont à placer dans le chapitre d’essoufflement.

Pour le « frondeurs », cette situation a conduit à la rupture du contrat de confiance entre le pouvoir et le peuple d’une part et entre les institutions du pays et la communauté internationale de l’autre.  Face à cette situation jugée délétère par les « frondeurs », la majorité, déchirée par des contradictions et dysfonctionnement internes, n’a pas été capable de réagir comme faille politique. Bien plus, elle ne semble plus en mesure de faire une nouvelle offre politique crédible qui lui permette de se réconcilier avec la majorité sociologique du pays.

Motivés par le seul souci de sauvegarder les acquis et de poursuivre l’œuvre commune de redressement national, les signataires de la lettre adressée au Chef de l’Etat estiment qu’il est temps pour la majorité de réévaluer sans complaisance son action à la tête de l’Etat, ses méthodes de travail, ses politiques publiques, ses stratégies, sa structuration interne et son fonctionnement.

Pour eux, dans cette perspective, le premier défi auquel il faut trouver des réponses est celui de rencontrer les aspirations de la population. Le deuxième défi est des restaurer la cohésion interne à la majorité, notamment par un dialogue franc, régulier et responsable. Le troisième défi est de gagner en toute démocratie et transparente les prochaines élections.

Cette correspondance aura donc interpellé l’autorité morale de la majorité. Ce dernier s’est résolu à convoquer une réunion le dimanche dernier à Kingakati.

Après une réunion agitée, les « frondeurs » ont fini par rentrer dans le rang.

Les débats ont été houleux, et ont laissé entrevoir les divisions au sein de la majorité. Des indiscrétions indiquent que la réunion de dimanche n’aura rien changé des comportements affichés par le réseau dormant des « frondeurs ».

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