L’épiscopat congolais a exigé mardi l’ouverture d’une enquête sur la répression des marches des catholiques contre le président Joseph Kabila ayant occasionné « mort d’hommes » alors qu’une polémique enflait sur le nombre de victimes de la répression.
Dimanche, les forces de sécurité de la République démocratique du Congo ont réprimé des messes dans des églises à coups de gaz lacrymogène et empêché des marches interdites organisées à l’appel d’un collectif catholique.
Dans un communiqué, l’épiscopat de la RDC « condamne avec la dernière énergie le recours à la violence par certains agents de l’ordre, violence non justifiée qui a occasionné la mort d’hommes ».
« Choquée par les actes ignobles », la conférence des évêques catholiques de RDC demande « une enquête sérieuse et objective pour établir les responsabilités sur les pertes en vie humaine et les agressions physiques ».
Elle condamne par ailleurs « l’atteinte à la liberté de culte garantie dans tout État démocratique, la profanation de certaines églises et l’agression physique des fidèles dont les servants de messe et les prêtres ».
Les marches de catholiques exigeaient l’application d’un accord de sortie de crise née du maintien au pouvoir de Joseph Kabila, signé le 31 décembre 2016 entre la majorité et l’opposition sous l’égide des évêques.
De son côté, la France s’est dite « préoccupée par les violences » de dimanche. Le droit de manifestation pacifique « est une composante essentielle de la démocratie », a souligné le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué où il « réitère son appel au dialogue et au rejet de tout recours à la violence ».
Paris « appelle à la tenue effective des élections conformément au calendrier électoral publié le 5 novembre 2017″, qui prévoit l’organisation de la présidentielle le 23 décembre 2018.
– ‘Violente répression’ –
Le bilan de la répression des dernières manifestations était au cœur d’une polémique mardi entre la police qui dit qu' »aucun mort » n’a été enregistré et d’autres sources qui font état de victimes.
« Une douzaine de morts a été répertoriée : 11 à Kinshasa et un à Kananga » dans le centre du pays, a déclaré un porte-parole des organisateurs, Jonas Tshiombela.
L’ONU a de son côté fait état d’une « violente répression » qui a occasionné « la mort d’au moins cinq personnes, plusieurs blessés et l’arrestation de plus de 120 personnes ».
La police a rétorqué que les morts n’étaient pas des manifestants mais des « pillards » et des « bandits » tués loin des lieux des manifestations, selon la police.
Pour sa part, le gouvernement de la RDC fait état d’un policier tué le même jour dans « l’attaque » d’un commissariat de police.
Pour les Nations unies, l’accord du 31 décembre 2016 demeure « l’unique voie viable devant mener à la tenue d’élections, à une alternance pacifique au pouvoir et à la consolidation de la stabilité en République démocratique du Congo ».
Enfin, l’internet a été rétabli dans la nuit de lundi à mardi, après trois jours d’interruption décidée par le gouvernement à la veille des marches.
Le climat politique est très tendu en RDC en raison de la crise née du maintien du président Kabila, dont le mandat s’est achevé en décembre 2016. M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, ne peut se représenter, selon la Constitution.
Une série d’élections dont la présidentielle censée élire son successeur est prévue pour le 23 décembre 2018.Un calendrier récusé par l’opposition et la société civile qui réclament l’application de l’accord du 31 décembre 2016 qui prévoyait des élections fin 2017 pour organiser le départ de M. Kabila.