Le nouveau Premier ministre congolais Samy Ntita Badibanga, désigné jeudi par le président Joseph Kabila et issu de l’opposition, possède la double nationalité congolaise et belge – ce qui est contraire à la Constitution de la République démocratique du Congo (RDC) -, a indiqué un autre opposant, cité dimanche par un média kinois.
Le chemin de son investiture par l’Assemblée nationale est sérieusement compromis
Citant le Moniteur belge du 8 mai 2002, Olivier Kamitatu Etsu, un ex-ministre du président Joseph Kabila passé l’an dernier à l’opposition, a tweeté samedi qu' »un dénommé Badibanga Ntita, le 12 septembre 1992, est devenu Belge par naturalisation« . « Un sosie? « , s’interroge le président de l’Alliance pour le Renouveau du Congo (ARC), ajoutant ironiquement « certainement, un homonyme« .
« Si cette information se confirme, c’est-à-dire que Samy Badibanga n’a jamais renoncé à sa nationalité belge, alors le chemin de son investiture par l’Assemblée nationale est sérieusement compromis« , commente dimanche le site d’informations 7sur7.cd, parlant d’un « scandale politique » 48 heures seulement après la nomination du nouveau Premier ministre.
Les tractations vont bon train pour la formation d’un gouvernement d’unité nationale de transition (Gunt) comme prévu dans l’accord politique conclu le 18 octobre dernier entre la Majorité présidentielle (MP, soutenant l’action du président Kabila) et une frange minoritaire de l’opposition. Cet accord prévoit notamment le report à avril 2018 des élections présidentielle et législatives prévues en principe ce mois-ci.
La nationalité, une question sensible
La question de la nationalité, « une et exclusive » selon la Constitution congolaise, est un sujet sensible en RDC, où elle a été à plusieurs reprises instrumentalisée – notamment durant la campagne à l’élection présidentielle de 2006 – et a conduit à des violences meurtrières.
7sur7.cd souligne que le cas de M. Badibanga – issu de l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), le parti de l’opposant historique Etienne Tshisekedi – n’est pas isolé. Le site cite celui de l’ex-directeur de cabinet du président Kabila, Beya Siku, qui avait vu sa nomination comme ambassadeur de la RDC en Belgique refusée par les autorités belges au motif qu’il avait leur nationalité.
Un autre exemple est celui d’un ex-ministre devenu opposant, Charles Mwando N’Simba, qui affirme avoir renoncé en juin 2007 à la nationalité belge qu’il possédait, en plus de la congolaise, avant de devenir premier vice-président de l’Assemblée nationale, la chambre basse du parlement de Kinshasa.
En 2007, l’Assemblée nationale s’était penchée sur la question, fixant un délai de trois mois pour permettre aux Congolais détenteurs d’une double nationalité – les cas sont légion au parlement et dans l’administration – de régulariser leur situation. Mais le débat a entre-temps été mis entre parenthèses.