A tort ou à raison, plusieurs observateurs émettent des doutes quant à la tenue des scrutins présidentiel et législatifs dans les délais prescrits par la Loi fondamentale. En dépit des décaissements des fonds par l’Exécutif national, le retard accumulé dans la publication du calendrier électoral, accentue les inquiétudes des uns et des autres. La relance de la guerre par le Rwanda en rajoute à la complication de l’équation électorale en RDC. Surtout que, par le passé, le pouvoir avait subordonné l’organisation de ces scrutins au retour de la paix sur l’ensemble du territoire national.
Avec la guerre actuelle, le territoire d’insécurité s’est élargi, cultivant encore un peu plus le doute dans le chef des acteurs politiques, voire de la population. Le capital de démocratisation incarné par les cycles électoraux précédents – 2006, 2011, 2018 – passe pour un précieux acquis des efforts conjugués des Congolais et des partenaires extérieurs de la RDC. D’où la disponibilité tant renouvelée, de l’Union européenne et des Etats-Unis notamment à apporter une contribution substantielle au budget des élections en RDC.
D’autant que la réunification du pays et la pacification (malheureusement constamment remise en cause par le Rwanda) sont le fruit de cet effort amorcé à Sun City, en Afrique du Sud. Autant dire que la quête ou le maintien de la paix est également lié à l’organisation des élections – les bonnes – selon les prescrits de la Loi fondamentale. Eluder cette tradition électorale serait marquer un recul dangereux dans la consolidation de la culture démocratique. D’où la nécessité pour le gouvernement de hâter la pacification de la situation au Nord-Kivu afin de permettre la tenue dans les délais constitutionnels.
C’est dans cet aspect qu’il importe d’appréhender la dernière rencontre entre le président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), Denis Kadima Kazadi, Monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et le Révérend-Pasteur Eric Nsenga, porte-parole de l’église du Christ au Congo (ECC). « L’organisation des élections crédibles, transparentes, apaisées et dans les délais est un grand facteur de paix à laquelle travaillent les confessions religieuses que nous sommes. La confiance est l’âme du processus électoral et tout le monde le sait, le processus de désignation des animateurs de la CENI a été fait dans un contexte qui a suscité beaucoup de méfiance. Donc le grand défi c’est celui de la construction de la confiance », confession de Mgr Nshole à l’issue de l’entretien.
Il s’est réjoui de l’identité de vues qui s’est dégagée de cet échange. Mgr Nshole a noté le souci de Denis Kadima d’aller dans la direction souhaitée par les partenaires, notamment les confessions religieuses. Ce qui renforce la confiance et la collaboration entre la CENI et les confessions religieuses.
« Et nous sommes venus échanger avec le Président de la CENI parce que dans notre entendement, quelles que soient les positions que nous avons eues lors de ce processus, il n’est pas question de croiser les bras et voir les choses aller dans tous les sens. Mais nous voulons, comme lui d’ailleurs, c’est son souci, travailler de façon à renforcer cette confiance. Nous sommes venu échanger avec lui sur les mécanismes de construction de renforcement de la confiance et de la collaboration entre la CENI et les partenaires que nous sommes. Et il nous a prêté oreille et prouvé que nous avons le même souci que lui. Les échanges étaient très constructifs et je crois que si nous devons marcher dans cette direction, il y a lieu d’espérer de bonnes choses », a souligné Mgr Nshole.
Il reste à matérialiser ces engagements et identité de vues afin d’offrir au pays des scrutins des élections apaisées, transparentes, crédibles et dans le délai. Question de convaincre sur l’adéquation entre la volonté exprimée du souverain primaire et le rendu des urnes !
LR