Condamné pour fraude fiscale en 2017, le joueur argentin du FC Barcelone pourrait connaître de nouveaux démêlés judiciaires.
Lionel Messi pensait que ses déboires fiscaux étaient derrière lui. Condamné définitivement pour fraude fiscale en mai 2017, le footballeur star du FC Barcelone échappait à la prison et pouvait se concentrer sur le dernier grand objectif de sa carrière : remporter la Coupe du monde avec son équipe d’Argentine en Russie, en juillet.
En plein Mondial, les « Panama Papers » risquent pourtant de ramener le numéro 10 prodige à des problèmes bien éloignés du terrain. De nouveaux documents du cabinet panaméen Mossack Fonseca analysés par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) mettent en effet à mal les déclarations de ses avocats sur un dossier qu’il considérait comme clos. Ils révèlent que sa société panaméenne est encore bien active, en dépit de ses démentis.
« Le client utilise bien la société »
Pour comprendre cette histoire, il faut remonter aux premières révélations des Panama Papers, en avril 2016. Les médias partenaires de l’ICIJ révèlent alors que Lionel Messi et son père sont propriétaires d’une société panaméenne, Mega Star Enterprises, depuis 2013. Une information gênante pour le footballeur argentin, déjà mouillé en Espagne dans un dossier de fraude fiscale sur ses droits à l’image — dossier dans lequel cette dernière société n’apparaît pas.
Le numéro 10 du « Barça » contre-attaque immédiatement. « La société panaméenne évoquée par ces informations est complètement inactive et n’a jamais eu de fonds ni de comptes courants ouverts », écrit-il dans un communiqué, au lendemain de la fuite.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, si le cabinet Mossack Fonseca, administrateur de la société, n’avait pas vu ses archives fuiter une deuxième fois. Parmi les 1,2 million de nouveaux fichiers obtenus par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, et partagés avec l’ICIJ en 2018, figurent en effet des secrets que le quintuple Ballon d’or aurait sûrement aimé éviter de voir éventés.
Dans un courriel envoyé en mai 2016, un avocat du bureau uruguayen de Mossack Fonseca assure par exemple que « le client utilise bien la société »Mega Star Enterprises. Le cabinet offshore prend alors peur et abandonne la gestion de la société en juillet 2016 : tous les directeurs prête-noms qu’il avait mis à disposition démissionnent en bloc.
S’il n’utilisait vraiment plus la société, comme il l’affirme, Lionel Messi aurait pu en profiter pour la laisser mourir… Et pourtant ! Selon les documents obtenus au registre du commerce panaméen, sa société Mega Star était toujours active en juin 2018, et administrée par un nouveau cabinet, concurrent de Mossack Fonseca, Orillac, Carles & Guardia. Or, un tel transfert ne peut normalement s’effectuer qu’avec l’accord explicite des actionnaires de la société, c’est-à-dire Lionel Messi et son père.
Enquête pour « activité suspicieuse »
De quoi relativiser la défense de ses avocats, qui ont assuré à nos confrères espagnols d’El Confidential que cette société faisait partie de « l’histoire ancienne ». Or, les déboires fiscaux de Messi avec le fisc espagnol portent sur les années 2007 à 2013, et cette société panaméenne a été créée en 2013. Les représentants du joueur assurent que Mega Star « n’est pas une nouvelle structure », mais dérive d’une ancienne entité offshore, déjà connue des autorités. Ils ajoutent que Messi s’acquitte scrupuleusement de ses obligations fiscales depuis 2014 et perçoit ses droits à l’image en Espagne.
Une autre révélation de cet épilogue des Panama Papers pourrait pourtant s’avérer embarrassante pour le capitaine argentin : les documents montrent que les autorités antiblanchiment du Panama ont ouvert en février 2017 une enquête sur la société Mega Star pour « activité suspicieuse ». Il est encore trop tôt pour savoir si ces éléments pourraient donner lieu à une nouvelle affaire Messi.
Par Marcos García Rey (El Confidential), Jérémie Baruch et Maxime Vaudano