L’opposition congolaise est-elle devenue aphone ? La dualité inhérente à la démocratie fait de plus en plus défaut. Pendant que des fissures sont perceptibles au sein de la plateforme Cap pour le Changement (CACH) et des vagues en train de faire tanguer la coalition au pouvoir, FCC–CACH, l’opposition incarnée par Lamuka dont certains leaders, si pas tous, se trouvent à l’extérieur du pays, s’illustre par un silence assourdissant.
Hormis peut-être Adolphe Muzito qui, via la presse écrite, a récemment proposé un plan triennal ou quinquennal en lieu et place du collectif budgétaire que le Premier ministre Sylvestre Ilunga se proposait d’aller défendre devant les Députés à l’Assemblée nationale pour faire face à la crise sans précédent suscitée par la propagation de la Covid-19, où sont passés tous les autres ?
Candidat malheureux à la dernière présidentielle qui n’a jamais cessé de revendiquer la vérité des urnes, Martin Fayulu Madidi se trouve confiné aux Etats-Unis d’Amérique où il aurait des soucis face à l’immigration américaine. Celle-ci refuserait de renouveler son visa qui, bientôt, sera expiré. Ce qui mettrait ce grand leader en situation irrégulière sur le sol américain.
Certaines indiscrétions laisseraient entendre que Fayulu aurait sollicité auprès du Président de la République, Félix Tshisekedi, un jet privé en vue de le ramener au pays et, surtout, pour ne pas être humilié au pays de l’Oncle Sam. Est-ce pour cette raison qu’il serait devenu aphone ?
Quant à Jean-Pierre Bemba, l’autre ténor de Lamuka et leader du MLC, il serait, apparemment, préoccupé par le rejet de sa demande d’indemnisation et dommages et intérêts par la Chambre préliminaire I de la Cour Pénale Internationale (CPI) à la suite d’une décision qui est tombée ce lundi 18 mai 2020. Sur la demande de Bemba, rappelle-t-on, la Chambre préliminaire a notamment, concernant le premier volet, noté que cet ancien détenu n’avait pas établi qu’il avait subi une erreur judiciaire grave et manifeste au sens de l’article 85 du Statut de Rome de la CPI.
L’espoir d’obtenir plus de 50 millions de dollars s’est-il envolé ? Mais, concernant les affaires impactant sur la bonne marche du pays, la voix de Jean-Pierre Bemba est inaudible.
Moïse Katumbi qui convoitait le poste de Porte-parole de l’opposition, ne se prononce pas, non plus, sur les grandes questions de vie nationale.
Depuis son bastion de Lubumbashi, il n’attendrait tranquillement que les échéances électorales de 2023. La sortie officielle d’Ensemble pour la République, son méga parti créé en décembre 2019 avec la collaboration étroite de son désormais Secrétaire Général Pierre Lumbi Okongo, se fait toujours attendre ?
Pourtant, il avait choisi, pour ce faire, les chutes de la Lofoï, ou chutes Kaloba, situées dans le parc national de Kundelungu au Katanga, en République démocratique du Congo. Ces chutes d’eau sont les plus hautes d’Afrique avec 384 m de hauteur dont 347 en chute directe. La rivière Lofoï, faut-il le rappeler, est un des affluents de la Lufira, elle-même aussi constitue un affluent du fleuve Congo, pour mobiliser une brochette de cadres politiques parmi les grandes de l’ex-G7. Ce si long silence est-il un repli stratégique ou un signe de changement de priorité ?
La population veut voir Lamuka made in Genève mué en regroupement politique et placé au-devant de la scène pour remettre à l’ordre les tenants du pouvoir constellés autour de la coalition FCC – CACH. Ainsi, Lamuka avec tant d’autres exclus politiques, y compris la société civile, joueraient-ils pleinement le rôle d’opposition républicaine, tel que stipulé dans la Constitution du 18 février 2006. Le pays se meurt !