A ne s’en tenir qu’aux discours l’on ne saurait douter de la tenue des élections prochaines dans les délais prescrits par la Loi fondamentale. Le Chef de l’Etat en premier des responsables qui émettent des signaux – oratoires certes – quant à la détermination à consulter le souverain primaire fin 2013. Ce faisant, tous les esprits, en dépit du doute sur les fondamentaux de cette opération, jouent la prudence afin d’échapper à une éventuelle surprise désagréable, au cas où la CENI tiendrait parole.
Resserrement des liens
Sur le terrain des faits incarnent cette effervescence politique matérialisée notamment dans de nouveaux rapprochements entre partis, regroupements et plateformes politiques. Il est fait état, entre autres, des accointances entre le Front commun pour le Congo (FCC) et le parti de Martin Fayulu, sous le label du défunt Lamuka. Alors que, même sans avoir divorcé officiellement, l’UDPS, l’UNC et le MLC entreprennent de donner du tonus à leur deal.
Attitude bien naturelle et sempiternelle dans ce pays où il est improbable de s’assurer une victoire rassurante en faisant cavalier seul. Les alliances passent ainsi pour la panacée, prenant appui sur plusieurs béquilles, notamment la fibre tribale ou régionale. La réalité justifie ainsi les rafistolages actuels, même entre partis politiques poids-mouche afin de peser lors des négociations avec des leaders ayant pignon sur rue. Normal.
Seulement voilà. Toutes ces combinaisons n’émeuvent pas outre-mesure. Dans cette sphère politique l’épouvantail a pour nom Moïse Katumbi Chapwe. Le Président du parti politique Ensemble pour la République sèmerait l’insomnie dans le chef de personnalités qui comptent pour le challenge attendu. Partant, tous les coups sont permis et orientés vers Moïse Katumbi devenu la principale cible des acteurs politiques, surtout dans les rangs du pouvoir. Comme le relève notre confrère congolibere.com, « Depuis une semaine, des articles à charge visant Moïse Katumbi fleurissent dans la presse et sur les réseaux sociaux. Un timing qui n’est en rien le fait du hasard. Explications ».
En réalité, il ne pouvait en être autrement après la publication du sondage GEC début septembre dernier et qui plaçait le Chairman de TP Mazembe loin en tête des intentions de vote pour la présidentielle. Une réalité qui s’abreuve surtout dans le dérapage incontestable de la gestion en cours de la res publica. Depuis, toutes les batteries sont capitalisées pour démonter le mythe Katumbi logé dans sa gestion de l’ancien Katanga et qui ne cesse de forger l’admiration, tant au pays que hors des frontières nationales.
Aussi Congo libère relève-t-il : « Dans ces articles aux accents pamphlétaires, écrit dans un style très approximatif, on peut lire tour à tour que Moïse Katumbi serait le « candidat de l’étranger », singulièrement de la Belgique et des Etats-Unis, mais aussi de la France (« à preuve », avance un site « d’information » en ligne, son avocat, Me Eric Dupond-Moretti, est l’actuel ministre français de la Justice) ou encore d’Israël (dans un antisémitisme presqu’assumé, le père de M. Katumbi étant de confession juive). On peut lire également que M. Katumbi serait le « candidat de l’affairisme » (l’ex-gouverneur du Katanga ayant réussi dans les affaires). Ou encore qu’il serait un « suppôt » du Rwanda en RDC (« nous n’avons pu lire aucune déclaration [de M. Katumbi] pointant du doigt le Rwanda dans la crise sécuritaire à l’est du Congo, son pays ou l’un de ses pays », est-il écrit dans l’un de ces articles où la xénophobie est ouvertement assumée ; ce qui est faux au demeurant, M. Katumbi s’étant publiquement exprimé sur le sujet).
Et la rédaction en ligne de poursuivre et expliciter : « Mais dans cette affaire, le plus intéressant n’est pas tant le contenu de ces articles à charge contre M. Katumbi (qui sont souvent un simple copié-collé de ceux publiés en 2017/2018 durant la précédente campagne électorale) que le timing dans lequel ceux-ci ont fait irruption, tels des boutons sur le visage acnéique d’un adolescent. Hasard de calendrier, il y a une semaine à peine Félix Tshisekedi revenait de New-York où il a assisté à l’Assemblée générale de l’ONU. La mine maussade. Aucun des objectifs que le chef de l’Etat congolais s’était fixé pour ce déplacement n’ont été remplis. Les agissements du Rwanda n’ont pas fait l’objet d’une condamnation de la part de la communauté internationale. Surtout, M. Tshisekedi escomptait un tête-à-tête avec le président américain Joe Biden. Pour y parvenir, il avait mis toutes les chances de son côté en recrutant à grands frais des lobbyistes. Las, la rencontre tant espérée n’a pas eu lieu. Un camouflet pour le président RD congolais. Pire, lors de son déplacement, M. Tshisekedi, qui s’est entretenu avec plusieurs diplomates américains et européens, s’est vu renvoyer à ses obligations constitutionnelles quant au fait d’organiser dans les délais, autrement dit d’ici la fin 2023, l’élection présidentielle.
L’entourage de M. Tshisekedi y aurait-il vu la « main noire » du camp Katumbi ? Quoi qu’il en soit, n’ayant pas « les moyens de se mettre à dos l’hyper puissance américaine », pour reprendre les propos d’un diplomate, le président RD congolais, pressé de faire le deuil d’un éventuel glissement de calendrier (qui reste toutefois « possible », comme l’a écrit l’ancien président de la CENI, Corneille Naanga, dans une tribune récente, mais dans une mesure limitée), a manifestement décidé de lancer les hostilités contre celui qu’il considère comme son seul véritable adversaire et tirer le premier. Quitte à se retrouver bientôt à court d’arguments et… de munitions ». A suivre !