Vendredi dernier, sieur Pascal Mukuna Bwanga, chef de l’Eglise Assemblée chrétienne de Kinshasa (ACK), a déposé une plainte contre le Raïs Joseph Kabila, ancien Président de la République, pour crimes de guerre et exige, illico presto, son arrestation et sa détention à la prison centrale de Makala. Crime de lèse-majesté ! Jusqu’hier les réactions d’indignation et de colère ont continué à tomber contre ce que d’aucuns appellent une plaisanterie de mauvais goût.
On retient que presque tous qualifient le Raïs Joseph Kabila d’artisan de la paix et de démocratie qui a permis à Félix Tshisekedi d’accéder au pouvoir sans effusion de sang. Pas un seul tir n’a été entendu le jour de la première passation des pouvoirs civilisée en RDC. C’est bien indiscutablement à son crédit. Bien entendu que tout n’était pas rose au cours de ses 18 ans de règne. Normal. Le serait-il pour qui ?
C’est pourquoi, il serait loisible de s’attarder sur les aspects politiques positifs de Joseph Kabila et il n’en manque pas. Difficile donc de comprendre comment Pascal Mukuna Bwanga est brusquement tombé sur son action judiciaire contre l’ancien Président de la République, Joseph Kabila, pour crimes de guerre.
Tout aussi pénible à saisir est aussi le fait que le même Pascal Mukuna Bwanga de l’ACK, tout au long de 18 ans de règne de Joseph Kabila, s’affubler fièrement de la qualité de » Père spirituel du Président Joseph Kabila « . D’où la question qui lui est posée de savoir comment se fait-il qu’ait été « père spirituel » d’un criminel de guerre, 18 ans durant. On est donc dans un numéro de cirque joué par Mukuna Bwanga. En effet, ce dernier n’a attendu que l’avènement de Félix Tshisekedi pour s’en rendre compte. Heureusement pour lui qu’en RDC, le ridicule ne tue pas. Ici sur le plan politique.
Sur le plan du Droit, il faut rappeler à Pascal Mukuna, président de l’Association « Eveil patriotique » qui a initié la plainte et dont le vice-Président est Me Jean-Claude Katende d’Asadho, de relire attentivement la « Loi sur le Statut d’ancien chef de l’Etat ». Une disposition de cette loi a transféré les mêmes conditions de mise en accusation du Président de la République en fonction qui est du vote aux 3/4 des membres du Congrès.
Il en est de même des poursuites pénales contre l’ancien Président de la République où il faut requérir au préalable l’autorisation du Congrès aux 3/4 de ses membres. Mukuna les a-t-il ? Même Félix Tshisekedi qui est Président de la République ne les a pas.
C’est le même Kabila qu’on veut poursuivre pénalement qui dispose de 3/4 des membres du Congrès. Le même encore qui a la majorité de vote de loi – qui est des 2/3 – pour une révision de cette « Loi sur le Statut d’ancien chef de l’Etat ». Nul doute qu’au vu de cette réalité, la Cour constitutionnelle si elle parvenait à examiner la requête de Pascal Mukuna Bwanga le déclarera sans qualité pour cette cause du fait qu’il ne dispose pas du vote des ¾ des membres du Congrès.
La plainte de Mukuna tombe comme un pétard mouillé. Sa plainte ne deviendra qu’une action téméraire et vexatoire contre laquelle les partisans de Joseph Kabila Kabange pouuraient exiger des poursuites pénales en action reconventionnelle.