Le dircab du chef de l’État, Guylain Nyembo Mbwizya, a attribué, le 30 décembre 2021, le marché de fourniture des plaques minéralogiques pour auto et moto à la société MAXIMUM B pour moins de 500.000 dollars, juste 476.235 dollars.
D’un trait, Nyembo zappe la DGI, fournisseur officiel des plaques d’immatriculation sur toute l’étendue de la RDC depuis les années Mobutu. Le successeur d’Eberande a usé du gré à gré, comme cela est devenu la principale procédure de passation des marchés en RDC. Tout s’est accompli en moins d’une semaine : le 24 décembre, le 1er ministre, Jean-Michel Sama Lukonde accorde, selon Guylain Nyembo, son approbation sur ledit marché par sa lettre n°CAB/PM/CTS/EPM/RTB/2021/1528. Et le 30, le dircab du président passe à l’acte dans une note d’adjudication au profit de MAXIMUM B dans laquelle l’adresse physique de la présidence de la République est incomplète, point de coordonnées téléphoniques ni d’e-mail si ce n’est qu’un numéro de boîte postale datant apparemment des années ONPTZ. Voilà un indice manifeste d’un certain empressement pour boucler un deal sujet à caution, note un analyste.
Le bénéficiaire, l’entreprise MAXIMUM B n’est point connue du monde des affaires. Une source à la Fédération des entreprises du Congo (FEC), a même cru savoir qu’il pourrait s’agir du journal de Lambert Mende Omalanga. Contacté par nos soins, un confrère du journal l’a aussitôt démenti. Mais il y a encore quelques semaines, une structure près la présidence, le Fonds national de solidarité contre le coronavirus a attribué à une agence de presse, Galaxy Médias, de gré à gré, le marché de fourniture des portiques au profit de la présidence, l’hôtel du gouvernement, les aéroports N’Djili et Luano et l’INRB pour un peu plus de 160.000 dollars. (…). Nos sources rapportent que jamais le marché des plaques d’immatriculation n’a été soumis au Conseil des ministres. Pire, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, qui devrait logiquement gérer ce marché a visiblement été court-circuité par le dircab du président, sinon le 1er ministre. Il se rapporte que les rapports sont de plus sulfureux entre Nyembo et Kazadi suite au dossier TFM, Tenke Fungurume mining. Effet domino, la DGI se retrouve alors dépossédée, à brûle-pourpoint, d’un fait générateur des recettes qui lui rapporte en moyenne 2 millions de dollars l’an. En réalité, beaucoup plus, autour de 10 millions de dollars au regard du volume d’importation des véhicules publié par la DGDA, le service des douanes, rapportent des organisations de la société civile.
En 2018, l’hôtel des impôts avait fait scandale en publiant un répertoire juste de 500 véhicules immatriculés. Pour l’exercice 2022, la DGI table sur des recettes de 3.881.160.360 FC, soit environ 2 millions de dollars pour la délivrance des plaques. Depuis 2009, la DGI a été traînée dans des conditions ténébreuses dans un partenariat avec la société UTSCH Congo pour la production et la délivrance des plaques. UTSCH ayant droit à 60% des recettes. Mais le fisc se retrouve constamment en rupture de stock. Le contrat DGI/UTSCH est de type BOT [(Build, fabriquer), ( Operate, gérer), (Transfer, céder technologie et gestion)], d’une durée de 10 ans renouvelable. Le dircab du président, Guylain Nyembo a décidé autrement.
Problème
Point de chance pour le gouvernement de sortir la tête du gouffre avec une gestion pour le moins conflictuelle des responsabilités de l’Etat. Tout le drame plonge ses racines dans les attributions des directeur et conseillers du chef de l’Etat, visiblement affublés des compétences plus importantes que les Vice-Premier ministre, Ministres et Vice-ministres de l’Exécutif national. A se demander la pertinence du gouvernement réduit à un simple figurant par une équipe présidentielle faisant office d’un gouvernement parallèle et loti des réelles attributions.
Avec Ouragan fm.cd