Il n’a ni confirmé ni infirmé ses prétentions pour les joutes électorales de 2016. Moïse Katumbi est cependant au centre d’une dynamique qui entreprend de le conduire à la Magistrature suprême du pays. En effet, il a suffi que l’ancien gouverneur du Katanga dépose sa démission, le 20 septembre dernier, de son poste et de son ancien parti le PPRD, pour enregistrer un véritable tsunami au sein de la classe politique nationale. Singulièrement au sein de l’opposition où tous les présidents et cadres sont charmés par l’engagement de Moïse Katumbi de mettre sur pied un Front républicain, avec pour point focal la sauvegarde de la démocratie et de l’intégrité de la Constitution.
Jean-Claude Mvuemba, président de MPCR, José Makila de l’Alliance des travaillistes pour le développement (ATD) ont été les premiers à mordre à l’offre du Chairman de TP Mazembe qui affirme faire la politique pour servir le peuple congolais. « L’opposition à travers la dynamique [DTP : Dynamique Tshisekedi président] ainsi que l’UDPS à travers plusieurs autres plate-formes a toujours réclamé un front uni pour sauvegarder la démocratie. Aujourd’hui, si Moïse Katumbi veut le relancer, nous devons nous accrocher à ça», a affirmé Jean-Claude Mvuemba. Alors que de son côté, José Makila affirme : « S’il y a des gens qui défendent cette Constitution, je pense qu’ils sont de bon côté. J’apprécie le courage politique du gouverneur Moïse Katumbi qui, en dépit de tout ce qu’il a, a bravé le risque et accepte de rejoindre le camp de la patrie ».
Pour leur part, trente-trois ONG de droits de l’homme ont, dans une déclaration solennelle, salué la démission de l’ancien gouverneur, Moïse Katumbi du parti présidentiel, le PPRD, et de son poste de gouverneur de l’ex-province du Katanga et encouragé d’autres citoyens à faire échec à tout ce qui tend à violer la loi fondamentale. «Nous sommes très revigorés de cette double démission qui vient d’élargir le nombre de partis politiques et d’ONG opposés à toutes les tentatives de non-respect de la Constitution », a affirmé le président de la Ligue contre la Corruption et la fraude (Licof), Oscar Rachidi Akida.
Sans gouvernail ?
Il faut reconnaître que l’opposition congolaise s’est enlisée depuis belle-lurette dans un exercice qui se confond à la fois au clientélisme et à la trahison, d’autant que changer de camps au gré des intérêts égoïstes est devenu une culture, une vertu. Au point que la population en a eu marre de ces politiciens versatiles, à même de sacrifier l’intérêt collectif sur l’autel de satisfaction (minimale) du ventre personnel. Les rares militants rangés derrière ces opposants de pacotille ne cachaient plus leur déception devant la volte-face quotidienne de leurs « leaders ». A force de changer de camps et de positions, les opposants sont réduits à leur simple expression, au point de ne plus être considérés tels, tant au niveau national que sur l’échiquier international.
La ruée vers le pavillon Katumbi traduit justement la soif des opposants congolais à se fédérer autour d’une personnalité incarnant la dignité et le sérieux dans le combat politique. Moïse Katumbi, on le sait, n’est pas de la culture de l’à peu près, de la trahison, de la volte-face ; l’homme prêche la fidélité à des principes élaborés en commun, la juste redistribution du revenu commun, la bonne gouvernance. Ainsi désigné par des cadres de l’opposition, l’ancien gouverneur du Katanga ne manquera certainement pas de définir sa position au moment opportun. Sans perdre de vue la culture de trahison dans le chef de ceux qui s’empressent de lui tendre la perche.