Processus électoral : Lambert Mende donne la position du gouvernement

Lambert Mende

Le ministre des Médias et porte parole du gouvernement, Lambert Mende a clarifié certains points du discours du chef de l’Etat, et s’est attelé à préciser la position du gouvernement pour tout ce qui touche au processus électoral.

Mesdames et Messieurs,
Merci à vous tous ici présents d’avoir répondu à ce premier rendez-vous depuis la mise en place du gouvernement de cohésion nationale. Il sera naturellement question dudit gouvernement de cohésion nationale et de quelques autres questions qui préoccupent l’opinion nationale.

I. Le gouvernement de cohésion nationale

Mieux vaut tard que jamais. Le gouvernement de cohésion nationale tant attendu parce que annoncé depuis fin 2013 à la faveur des concertations nationales vient d’être constitué par le chef de l’Etat. Il comprend comme vous le savez 47 membres : vice-premiers ministres, ministres d’Etat, de la Majorité, de l’Opposition et de la Société civile. Le président de la République en a circonscrit les missions
l) Consolider la paix;
2) Appliquer les recommandations des concertations nationales;
3) Mettre en œuvre le processus de décentralisation
4) Appuyer l’organisation des élections;
5) Améliorer les conditions sociales des populations;
6) Et poursuivre la reconstruction du pays.

La constitution de ce gouvernement que le pays à longtemps attendu est la preuve que le président Joseph Kabila est un homme qui tient parole. L’ouverture à l’opposition et à la société civile est la réponse idoine aux menaces récurrentes sur la sécurité et l’émergence de notre pays qui se sont multipliées ces dernières années particulièrement à partir de l’étranger. Ce nouvel exécutif a donné lieu à des joutes passionnées au sein de la classe politique congolaise.

Un courant au sein de l’opposition, réfractaire à l’initiative de cohésion nationale, a sacrifié à la basse coutume qui consiste à s’agiter furieusement à  chaque remaniement ministériel. D’autres qui auraient bien voulu se voir attribuer un strapontin crient haro sur ceux qui ont été sélectionnés. En fait, rien de nouveau sous nos tropiques. Sauf pour les arrogants stratèges de la recolonisation de l’Afrique qui sont devenus les porte-voix de la frange la plus extrémiste de l’opposition qui s’agitent pour discréditer ce gouvernement de cohésion national fruit des résolutions pertinentes des concertations nationales.

En dépit de cette agitation portée à bout de bras par des nostalgiques qui voudraient faire mentir le testament du héros national Patrice Lumumba en vertu duquel l’histoire ne doit s’écrire qu’au Congo par les Congolais, le gouvernement de cohésion nationale s’est résolument mis au travail. Et rien, ni personne ne le détournera de ses objectifs.

II. Le discours sur l’état de La nation du chef de l’Etat

Le discours sur l’Etat de La Nation prononcé le 15 décembre 2014 par le président Joseph Kabila a suscité maints commentaires. D’aucuns ont salué les lignes forces de ce message présidentiel. D’autres en ont fait le sujet de nouvelles polémiques. Il s’agit à notre sens d’un témoignage de la vivacité du processus démocratique dans notre pays.

Des médias étrangers se sont joints à ce concert d’avis et considérations. Ils ont pour la plupart jugé certains passages de ce discours trop irrévérencieux, comme si rappeler, un des fondamentaux de la souveraineté d’un peuple qu’est l’autodétermination était assimilable à une quelconque désobligeance? On les a entendus épiloguer sur les « non-dits » du message présidentiel. Ils ont ainsi alimenté cet interminable procès d’intention fait au président Joseph Kabila « soupçonné » de caresser la secrète volonté de réviser un article verrouillé de la Constitution de 2006 pour se représenter à l’élection de 2016 pour une troisième fois consécutive.

La preuve de ce « crime » réside dans le fait que le Président ne leur donne pas des informations sur ses projets d’avenir personnel. Sans se gêner le moins du monde ces acteurs étrangers de connivence avec la minorité politique de notre pays ont décidé que cette question devenait la priorité de l’agenda politique en République démocratique du Congo. Vous et moi, nous savons pourtant que les vrais priorités sur lesquelles le gouvernement est quotidiennement interpellé par nos populations se rapportent essentiellement à (i) l’éradication de l’insécurité à l’Est et dans certains sites du Nord-Katanga, (ii) à la reconstruction nationale, (iii) aux grands chantiers de modernisation des infrastructures, (iv) à l’accès à une éducation de qualité pour tous les enfants congolais. (V) à la disponibilité des soins de santé de qualité (vi) à la lutte contre la pauvreté et (vii) à l’amélioration de la qualité de vie. On peut poser la question de savoir auquel moment le peuple congolais qui avait accordé ses suffrages à Joseph Kabila pour un mandat de 5 ans sur un programme axé sur ces grandes priorités y a renoncé pour ne se préoccuper que de savoir si l’élu de 2011 serait ou non candidat en 2016. Suffit-il qu’un officiel ou un journaliste étranger ait un point de vue concevant notre pays pour que celui-ci s’impose à notre peuple?

La réponse est non. Pourquoi non ? Parce que, quelles que soient le niveau des relations de coopération que nous pouvons entretenir avec nos différents partenaires, la gestion de la RD Congo ne relève pas des affaires intérieures de ces nations partenaires. La lourde insistance des partisans de la substitution de souveraineté sur des questions par ailleurs déjà réglées par la Constitution et les lois de la République comme révision constitutionnelle ou le calendrier des élections ne vise qu’à piéger le processus démocratique de la même manière que leurs précurseurs avaient piégé l’indépendance en 1960. Ils nous entraînent pour cela dans la distraction qui consiste à ériger en priorités des banalités tout en mettant sous le boisseau les vraies priorités du moment. En vérité, cette polémique relève plus de la psychanalyse que de la politique ou du droit.

C’est le lieu d’informer les donneurs de leçons que ce qui s’est passé au Palais du peuple le 15 décembre ne procède pas d’un hasard manipulable ‘a volo’, c’est sur pied de l’article 77 de la Constitution que le président de la République prononce, une fois l’an, devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès, un discours sur l’état de la Nation. Ce discours sur l’état de la Nation est destiné à l’ensemble du peuple congolais. Les cibles n’en sont donc ni les chapelles politiques particulières, qu’elles soient de la majorité ou de l’opposition, ni les chroniqueurs de la presse, dite globale, qui se prennent de plus en plus pour le nombril de l’univers et s’évertuent à nous imposer en abusant de la magie des ondes. En RDC, le discours sur l’état de la Nation n’est autre que le lieu et le moment indiqués pour le chef de l’Etat de faire le point sur la marche du pays au cours des 12 mois passés et projeter les grands axes et perspectives pour les 12 mois à venir. C’est un exercice de symbiose entre l’élu de la Nation et son peuple qui n’est pas à confondre avec le lancement d’une campagne électorale. Elu en 2011. Le président exerce un mandat qui court jusqu’à décembre 2016. Ce que ces électeurs attendent de lui à deux ans de la fin de son mandat, c’est qu’il exerce pleinement ledit mandat, c’est-a-dire qu’il mette en œuvre le projet sur lequel les sulfurages lui ont été attribués.

C’est la raison pour laquelle il s’est fait le devoir de passer en revue les thèmes de la paix perturbée à l’Est, de la défense nationale, de la gouvernance judiciaire du développement économique de la décentralisation, des relations avec la communauté internationale et du processus électoral avant de brosser des pistes pour relever les défis y relatifs.

S’agissant de ce dernier point, on voit de plus en plus quelques compatriotes de l’opposition criminaliser les prestations institutionnelles destinées à faciliter les élections comme l’identification de la population ou le recensement administratif f. Lorsqu’ on se souvient de ce qu’ils en disaient eux-mêmes il y a à peine trois ans, on y perd son latin. Je vais demander à notre technicien de nous rafraîchir la mémoire au sujet du point d’un grand leader de l’opposition à ce propos.

Il ne vous a pas échappé que pour justifier les remords consécutifs à l’instrumentalisation ratée du discours présidentiel du 15 décembre, quelques opposants s’abiment dans une autosatisfaction infantile en invoquant la révolution populaire qui a eu lieu récemment dans la République sœur du Burkina Faso comme si la situation et le changement survenus dans ce pays étaient transposables partout ailleurs sur le continent. Nous les invitons à plus de recul historique et culturel dans leur analyse des faits sociaux qui ne sont pas transposables d’un pays à un autre.

Il  n’y a pas si longtemps, des mouvements révolutionnaires, de loin plus intenses que celui de l’Ouagadougou en 2014, ont secoué notre pays dont l’histoire est jalonnée d’une multitude de plaies. La plupart de ces plaies encore mal cicatrisées ont été – faut-il le préciser? -provoquées par l’interventionnisme débridé d’Etats ou groupes étrangers dans les affaires intérieures congolaises. C’est à bon escient que le chef de l’Etat, tout en se déclarant ouvert aux avis, conseils et suggestions de nos partenaires, a dit au nom de tous les Congolais n’accepter aucune injonction de leur part.

L’invocation de l’exemple du Burkina pour créer l’illusion d’une crise politique en RDC est d’une totale absurdité. Le monde n’a pas été créé en 2014. Les Congolais n’ont pas attendu leurs frères du Burkina pour mettre fin à un régime dictatorial qui les avait subjugués 32 ans durant. C’était en 1997, dix-sept ans avant la manifestation de l’Ouagadougou.

Du reste, s’il faut suivre à la loupe l’exemple burkinabé, le pouvoir congolais pourrait frapper d’interdiction des partis politiques jugés extrémistes ou qui auraient posé des actes ou tenu des propos attentatoires à la Constitution ou aux lois ainsi que des associations de la Société civile qui participent ouvertement aux activités de l’opposition politique pour « activités incompatibles avec la loi » comme le gouvernement burkinabé vient de le faire avec deux partis et une ONG. Certes les Burkinabé ont pu réduire les dégâts grâce à l’entregent d’un officier de la trempe du colonel Zida. Mais cela ne doit pas faire oublier l’exemple peu ragoutant du capitaine Amadou Sanogo, un pseudo révolutionnaire populiste qui a pratiquement offert aux djihadistes le Nord du Mali. Ni les torts graves causés aux Guinéens par un pseudo révolutionnaire exalté le capitaine Moussa Dadis Camara.

La morale de toute l’histoire est que même sous le coup de fortes émotions ou de la peur du lendemain, nos acteurs politiques devraient choisir avec plus de discernement les voies qu’ils proposent à notre peuple. Le changement pour le changement dicté par le simple mimétisme en croyant que ce qui est bon ailleurs est aussi bon pour nous n’apportera rien de bon notre peuple a des problèmes sérieux et c’est dans son génie créateur qu’il doit trousser les solutions efficaces et durables.

Il faut cesser de s’inspirer exclusivement dans ce qu’on appelle l’air du temps, un concept fourre-tout qui est pavé de sous-entendus et d’intentions occultes. Chaque peuple fait la révolution qu’il pense lui-même. La veulerie d’une certaine opposition congolaise est tout simplement caricaturale. Un de vos confrères Omer N’Songo nous a offert un exemple édifiant en rappelant que le 4 décembre, Martin Köbler, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC avait déclaré qu’après 15 ans de présence en RDC, la Monusco avec ses 20.000 hommes amorcer à un retrait de ses effectifs en 2015 et que les troupes combattantes devraient être parties au plus tard en juin 2016. Aucun ténor de l’opposition n’avait trouvé à redire. Curieusement lorsque onze jours plus tard, le président Joseph Kabila dira pratiquement la même chose dans son discours, c’est à une véritable levée de bouclier que l’on a assisté de la part de cette opposition dont un des leaders, M. Kamerhe, s’est permis de demander au Président de « ne pas être ingrat envers la communauté internationale.

III. La situation sécuritaire dans le Grand-Nord

Depuis plusieurs semaines, la ville et le territoire rural de Beni, Nord-Kivu, sont à nouveau victime d’attaques meurtrières quasi quotidiennes. L’on y déplore plus de deux cent morts et des sévices perpétrés avec une cruauté indicible. Les enquêteurs incriminent les terroristes ougandais du groupe armé ADF-NALU auxquels s’ajoutent des complices kenyans, tanzaniens, rwandais et congolais d’être les auteurs de ces atrocités. Ces attaques ont créé une véritable psychose dans la population et poussé près de 90 000 personnes à abandonner leurs villages pour chercher refuge dans les grandes agglomérations de la région.

Les offensives des FARDC dont la phase la plus récente ont repris le 13 décembre avec l’appui de la Brigade internationale de la Monusco. Plusieurs dizaines d’arrestations de terroristes présumés ont été opérées. La persistance des meurtres sordides dans certains hameaux reculés de Beni rural constitue une motivation supplémentaire pour 1e gouvernement qui exprime sa satisfaction de voir de larges couches de la population de Beni coopérer activement avec nos forces de défense et de sécurité actives dans la région. C’est cette coopération qui a permis de mettre à pour quelques uns des réseaux de complicité interne dont bénéficient ces criminels. Je suis en mesure de confirmer que non seulement plusieurs personnes arrêtées à Beni appartiennent à des formations politiques actives où en voie d’extinction (Maï-Maï. M23. RCD-K-ML), mais aussi que des acteurs politiques issus du grand Nord alimentent cette terreur et instrumentalisent délibérément ces violences. Leurs alliés dans certaines organisations politiques nationales se livrent sans scrupules à l’apologie du terrorisme dans les médias et même du haut de tribunes institutionnelles. Nous savons que leur objectif est de traumatiser la population pour justifier dans la foulée la naissance d’un énième mouvement dit de libération habitués qu’ils sont à extorquer à la République des dividendes politiques grâce à de tels massacres. Nous engageons nos compatriotes du Grand Nord et de l’ensemble du pays à ne plus avoir peur de ces bénéficiaires gâtés de la jurisprudence surannée qui s’est installée dans le règlement des conflits dans notre pays et à laquelle notre peuple a renoncé en adoptant la Constitution de 2006.

Quelle que soit ce que chacun pourrait en penser, ces criminels endurcis qui ont perdu tout repère culturel et moral ne méritent pas notre solidarité. La justice congolaise les rattrapera où qu’ils se trouvent car ce qu’ils sont en train de faire Beni est inacceptable dans un Etat de droit et nous n’avons pas à le tolérer car les droits des égorgeurs s’arrêtent là où commencent ceux de leurs victimes. Qu’on se le dise.

Je vous remercie.

Lambert Mende Omalanga
Ministre des la Communication et Media,
Porte-parole du gouvernement
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