2016 est une année essentiellement électorale en RDC. Toutefois, le processus électoral est bloqué, le calendrier électoral ayant été atomisé, l’an dernier, par la volonté des hommes non pas toujours bien intentionnés.
Toutes les initiatives locales prises aussi bien par le pouvoir que l’opposition pour tenter de débloquer la situation ont montré leurs limites. La méfiance entre les deux camps est telle que le dialogue politique national convoqué par le Président Joseph Kabila est perçu par ses adversaires politiques comme une manœuvre dilatoire dans le but de se pérenniser au pouvoir. Devant l’impasse, les Evêques catholiques ont lancé leurs propres consultations, celles de juin 2015 menées par les Gouverneurs de province expédiant les affaires courantes avaient été jugées trop partisanes. L’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU dans la région des Grands-Lacs, Said Djinnit, a aussi entamé, début décembre 2015, ses consultations avec les différentes parties aux élections. Que faire ? Une fois de plus, c’est Ban Ki-Moon qui rebondit. Toutes les parties, à commencer par la Présidence et l’UDPS, attendent qu’il désigne un facilitateur international et définisse les contours du dialogue. L’heure est donc venue de travailler pour consolider la démocratie et mettre fin à l’instabilité constitutionnelle et institutionnelle.
Ces derniers jours, les Evêques catholiques ont pris dans leurs mains leurs responsabilités devant Dieu et l’histoire. Ils ont vu la crise politique, aux conséquences incalculables, venir. Ils ne veulent donc pas subir les événements. Après trois jours de Consultations menées auprès des différentes forces politiques et sociales du pays, de la majorité comme de l’opposition, les Evêques ont rencontré, le 30 décembre dernier, le Président de la République à qui ils ont rendu compte. Sous peu, les princes de l’Eglise devraient animer une conférence de presse au cours de laquelle ils vont livrer le secret de leurs consultations ; ce faisant, ils prendront position. Par le passé, chaque fois que les Evêques ont pris une position pour orienter ou réorienter le débat politique en RDC, des cuistres n’ont pas hésité à les vilipender.
Pourtant, la crise politique s’installe de plus en plus dans le pays. Le Président de la République s’en est rendu compte. En une trentaine de jours, Joseph Kabila a prononcé trois discours pour insister sur la nécessité d’organiser un dialogue politique afin de régler les différends politiques. Le 14 décembre 2015, il se montrait très incisif lorsqu’il dressait l’état de la Nation, devant les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès. D’après lui, les résolutions du dialogue qu’il a, lui-même, convoqué seront opposables à tous. Problème, le dialogue politique ne fait pas l’unanimité. Le consensus sur le primat du dialogue au dépens du respect de la Constitution est loin d’être acquis. Il est donc possible que les lendemains du dialogue soient davantage incertains. Comment ? Les anti-dialogue ont, à plusieurs reprises, fait savoir qu’ils mettraient en application les dispositions de l’article 64 de la Constitution. Lesquelles permettent au peuple de faire échec aux individus qui seraient tentés de prendre le pouvoir par la force ou de s’y maintenir par des moyens non constitutionnels. Le PPRD, parti au pouvoir, a aussi annoncé des contremarches pour soutenir la vision du Président de la République.
Qui plus est, le PGR a mis en garde tous ceux qui évoquent abusivement l’alinéa 1er de l’article 64 de la Constitution, car, à ses yeux, il n’existe pas en RDC un groupe d’individus qui exerce le pouvoir en violation de la Constitution. La semaine dernière, on a fait état d’un renforcement du dispositif sécuritaire en prévision de la gestion des manifestations de rue à venir contre le régime. Ce qui n’est pas sans conséquence. La RDC pourrait être mise au ban des accusés et croupir sous le poids des sanctions au motif que le régime ne respecte pas les libertés fondamentales.