Lancé en grande pompe, le 2 mars 2019, sur la place de l’Échangeur, le programme d’urgence du chef de l’État, Félix Tshisekedi, se poursuit dans différents coins de la République. Prévu initialement pour une enveloppe de 488.145.306 Usd, ce programme a été curieusement porté à 600 millions Usd. Les révélations sont de l’ambassadeur itinérant du chef de l’État, invité le week-end à l’émission Face-à-face, diffusé sur Top Congo FM. Le financement de ce plan soulève bien des interrogations. Si 400 millions Usd viennent du Trésor, contre 100 millions tirés des ressources du FPI et du FONER, le reste, soit 100 millions Usd, est l’effet d’une dette contractée par l’État congolais. Qui en est le prêteur ? Dans quelles conditions a-t-elle été contractée ? Mystère ! Au nom de la redévabilité, le cabinet du président de la République est dans l’obligation d’élucider cette énigme.
Le programme d’urgence du chef de l’État, Félix Tshisekedi, annoncé en grande pompe, début mars 2019 à Kinshasa, a été sérieusement revu à la hausse. À ce jour, sa réalisation se situe autour de 56%. C’est ce qu’a indiqué sur Top Congo, Nicolas Kazadi, ambassadeur itinérant du chef de l’État en charge du Plan quinquennal, invité de l’émission Face-à-face diffusée le week-end dernier.
Si l’échéance de 100 jours prévue par le chef de l’État a été sérieusement dépassée, Nicolas Kazadi a néanmoins salué ce résultat qu’il considère comme « une performance réalisée dans un contexte de manque de ressources ». Le plus important est que le programme de 100 jours du chef de l’État, mué depuis lors en programme d’urgence, continue à être exécuté dans différents coins de la République.
Prévu au départ pour 488.145.306 Usd dans le cadre de financement des travaux d’urgence prévus dans huit secteurs respectifs, dont les routes ; la santé ; l’éducation ; l’habitat ; l’énergie ; l’emploi ; le transport, l’agriculture, pêche et élevage, le programme d’urgence du chef de l’État a connu en cours d’exécution un important ajustement à la hausse.
Pour des raisons connues de la seule présidence de la République, l’enveloppe totale des travaux a été finalement portée à 600 millions Usd, a confirmé à Top Congo, Nicolas Kazadi. Selon l’ambassadeur itinérant du chef de l’État, cette enveloppe de 600 millions Usd est financée à 400 millions par le Trésor public, 100 millions Usd prélevés sur les ressources de deux entreprises du portefeuille de l’État, à savoir le FPI (Fonds de promotion de l’industrie) et du FONER (Fonds d’entretien routier). Quant au reste, soit 100 millions Usd, Nicolas Kazadi a révélé, sans grands détails, que cette cagnotte est le fait d’une dette contractée par l’État congolais. Auprès de qui et sous quelles conditions ? Suspense !
De l’avis du même ambassadeur itinérant du chef de l’État, à ce jour, près de 235 millions Usd ont déjà été dépensés pour les travaux réalisés ou en cours d’exécution. Une fois de plus, Nicolas Kazadi s’en est émerveillé. Il pense que le programme d’urgence du chef de l’État est « une grande aventure qui ne fait qu’annoncer ce qu’il y a à faire ».
Si l’ambassadeur itinérant du président de la République croit en la capacité de relever les nombreux défis en termes d’infrastructures au cours de cette mandature, il reste cependant confiant sur un fait : « On vivra constamment dans l’urgence. Le problème, c’est trouver l’équilibre avec les moyens budgétaires (…) Notre ambition, c’est avoir un peu plus d’espace budgétaire pour relever tous les défis ».
Près de 120 millions USD venus de nulle part
Depuis son lancement, début mars 2019 à Kinshasa, le financement du programme d’urgence du chef de l’État avait fait l’objet de vives critiques. Nombre d’observateurs avaient notamment fustigé l’opacité de son plan de financement. Tout étant géré depuis la présidence de la République, sans consultation au préalable des services compétents de l’État, les inquiétudes se sont autant amplifiées.
Avec le temps, ces inquiétudes commencent à se justifier. À en croire Nicolas Kazadi, l’un des bras d’exécution de ce programme, c’est une enveloppe de 600 millions Usd qui a finalement été prévue pour tous les travaux retenus dans le programme d’urgence du chef de l’État. Or, le 2 mars 2019 sur la place de l’Echangeur, à Kinshasa, lorsque le président Félix Tshisekedi présente son programme d’urgence, le coût total des travaux a été arrêté à 488.145.306 Usd.
Qu’est-ce qui justifie le surplus de près de 120 millions Usd ? Y a-t-il d’autres travaux qui ont été inclus dans le programme d’urgence sans être porté au préalable à la connaissance du grand public ? Qui, pis est, dans l’enveloppe de 600 millions Usd prévue pour ce programme d’urgence, 100 millions Usd sont issus d’une dette. Là aussi, il y a un mystère à élucider.
À l’absence d’un gouvernement jouissant de plein pouvoir, on ne sait dire avec exactitude dans quelles conditions a été contractée cette dette. En temps normal, c’est le ministre des Finances qui était censé apposer sa signature sur le contrat de prêt engageant la République. Tout étant concentré, depuis janvier 2019, à la présidence de la République, on croit savoir que le ministre démissionnaire des Finances doit certainement avoir été mis à l’écart de cette transaction.
Au bout du compte, ce sont 100 millions Usd qui sont venus gonfler la dette publique. Il y a donc une bonne raison de s’interroger. Et, au nom de la redevabilité, la présidence de la République ferait mieux d’élucider l’énigme qui se cache derrière le plan de financement du programme d’urgence du chef de l’État.