La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a annoncé le 31 janvier la fin des opérations d’identification et d’enregistrement des électeurs. Mais les chiffres de la Ceni laissent apparaître des taux d’enrôlement largement supérieurs aux prévisions. L’opposant Martin Fayulu, candidat déclaré à la présidentielle, évoque d’ores et déjà une « tricherie ».
Très exactement 46 021 454 Congolais se sont inscrits sur les listes électorales en vue des élections fin 2018, avait annoncé le 31 janvier dernier la Commission électorale nationale indépendante. Une opération réalisée en l’espace de dix-huit mois, qui a mobilisé d’importants moyens logistiques pour couvrir l’immensité du territoire congolais.
« Nous soulignons qu’il s’agit ici de données brutes », expliquait Corneille Nangaa, le président de la Ceni, lors de son point presse du 31 janvier. En d’autres termes, les listes électorales doivent encore être affinées, en éliminant les éventuels doublons. Cas de figure plausibles en RDC, où la gestion de l’état civil est largement déficient.
94 % d’enrôlés au Sankuru
« Mais cela n’explique pas certains chiffres », juge pour sa part l’opposant Martin Fayulu, membre du Rassemblement et candidat déclaré à l’élection présidentielle.
D’ordinaire, on estime qu’environ 44 % de la population s’inscrit sur les listes électorales. Un taux réhaussé à 46 % en RDC pour tenir compte de l’enrôlement par anticipation des jeunes âgés de 16 à 18 ans. Sur les 26 provinces congolaises, dix d’entre elles – où le président Joseph Kabila a réalisé de mauvais scores lors des élections de 2011 – connaissent pourtant des taux d’enrôlement de leur population supérieurs ou égal à 60 %.
Dans les provinces de l’ex-Équateur (nord-ouest du pays), les taux d’enrôlement oscillent ainsi entre 60 et 74 %. Au total, 5,7 millions de Congolais s’y sont inscrits sur les listes électorales, soit un million de plus qu’à Kinshasa. La capitale congolaise comptait pourtant trois millions d’habitants de plus en 2015, selon les estimations de l’Institut national de la statistique.
Mais la palme de l’enrôlement revient sans conteste au Sankuru, dans le centre du pays, où un peu plus de deux millions de personnes se sont inscrits sur les listes électorales – soit 94 % de la population estimée de cette province. Ils n’étaient pourtant que 626 141 lors de la précédente opération d’enrôlement en 2011. « Personne ne peut comprendre cette augmentation exponentielle, juge Martin Fayulu. Des erreurs sur 100 000 personnes, c’est envisageable. Sur un million, cela me parait absurde. »