L’Union européenne a dénoncé mercredi « le recours à la violence » et « le blocage de médias » par les autorités congolaises, regrettant une « grave atteinte » à la liberté d’expression face aux actions populaires demandant une alternance à la tête de la République démocratique du Congo.
Dimanche, des marches de catholiques exigeant l’application d’un accord de sortie de crise – signé fin 2016 entre la majorité et l’opposition sous l’égide des évêques – ont été réprimées dans le sang par les forces de sécurité du pays.
Ces violences « ont entraîné la mort de plusieurs manifestants et fait de nombreux blessés », a regretté une porte-parole de la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, dans un communiqué.
Le bilan de la répression des manifestations a provoqué une polémique entre la police congolaise qui dit qu' »aucun mort » n’a été enregistré parmi les manifestants et d’autres sources qui font état de victimes, une douzaine de morts pour les organisateurs des marches, au moins cinq selon l’ONU.
« Le recours à la violence par les autorités congolaises, y compris pour interrompre des services religieux, visant à réprimer toute tentative de manifestation pacifique va à l’encontre de la Constitution congolaise qui garantit le droit de manifestation et la liberté de réunion », a ajouté la porte-parole européenne.
« Le blocage des médias et réseaux sociaux constitue également une grave atteinte à la liberté d’expression », a-t-elle poursuivi.
L’internet a été interrompu trois jours par les autorités avant d’être rétabli dans la nuit de lundi à mardi.
L’UE « présente ses condoléances aux familles des victimes » et « se rallie à l’appel » de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) « pour condamner les arrestations arbitraires et appelle à la libération immédiate des détenus, y compris certains religieux ».
« Les autorités congolaises ont le devoir de protéger leurs citoyens et non de les réprimer », a estimé l’UE, les appelant à « progresser vers des élections crédibles en 2018 ».
Les manifestations populaires n’ont jusqu’à présent pas pu ébranler le régime du président Joseph Kabila qui dirige la RDC depuis 2001.
Le mandat du président Kabila, élu en 2006 et réélu en 2011, a expiré depuis le 20 décembre 2016 et la Constitution ne l’autorise pas à se représenter.
Ancienne colonie belge, la RDC n’a jamais connu de passation pacifique du pouvoir depuis son accession à l’indépendance en 1960. Le pays a été ravagé par deux guerres entre 1996 et 2003.