RDC: messe aux allures politiques en mémoire d’un militant anti-Kabila

Des centaines de personnes se sont réunies mardi à la paroisse Saint Benoît de Kinshasa, où le militant Rossy Mukendi a été tué il y a dix jours, pour une messe en sa mémoire, qui a pris les allures d’une réunion politique, a rapporté une journaliste de l’AFP.

A l’entrée de cette paroisse située à Lemba, un quartier populaire du centre de Kinshasa, trônait le portrait de Rossy Mukendi Tshimanga, imprimé sur une toile.

Les traces de sang y étaient encore visibles. « La rue n’est pas une tombe, c’est le cercueil du dictateur congolais », pouvait-on lire sur cette toile.

Rossy Mukendi, 35 ans, initiateur du mouvement « Collectif 2016 », a été tué par balle le 25 février dans la répression de la marche organisée en RDC contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila.

Membres de familles, militants, hommes politiques et anonymes ont pris part à cette messe alors que des Casques bleus étaient visibles aux abords du lieu.

« Rossy était un homme de valeur, il avait respecté les consignes données par le comité laïc de coordination (CLC), il n’avait pas semé de troubles comme certains le prétendent », a déclaré l’officiant, le père David Boloko, vicaire paroissial.

La police l’avait qualifié de « fauteur de troubles », avant d’annoncer l’arrestation du policier responsable de sa mort.

Rossy était un homme de paix, il n’avait jamais jeté de pierres aux policiers, il a été atteint par des balles alors qu’il partait fermer le portail de la paroisse, a témoigné le père Boloko dans son sermon.

« Nous espérons que son sang versé apportera la paix » en RDC, a-t-il dit. Ces propos ont été applaudis.

Les militants ont scandé : « Le peuple gagne toujours », un slogan lancé par Rossy Mukendi, et « Kabila doit partir ».

« Vous avez pris mon père physiquement mais pas dans mon cœur, je suis un garçon, je vais défendre et continuer ce qu’il a commencé », a déclaré le fils aîné de Mukendi, âgé d’une douzaine d’années.

La marche du 25 février est la troisième organisée par le CLC qui demande à M. Kabila de déclarer publiquement qu’il ne se représentera pas à la présidentielle prévue le 23 décembre 2018. 17 personnes ont été tuées en RDC en marge de ces trois marches.

(AFP 07/03/18)