Le parquet général de la République démocratique du Congo a retiré à l’opposant Moïse Katumbi l’autorisation d’expatriation qui lui avait été accordée en mai 2016 pour raison médicale, a-t-on appris jeudi auprès des avocats de l’opposant.
« Le bureau du procureur général de la République nous a saisi pour nous signifier qu’il a retiré l’autorisation de sortie délivrée à notre client Moïse Katumbi » le 20 mai 2016, a déclaré à l’AFP Me Jean Joseph Mukendi.
Selon Me Mukendi, « cette autorisation a été donnée sur le dossier de recrutement de mercenaires » dont est accusé M. Katumbi. Le parquet reproche à M. Katumbi de n’avoir « pas observé le devoir de réserve lui imposé en ce qui concerne les faits ayant donné lieu à l’instruction du dossier judiciaire » dans cette affaire.
« M. Katumbi n’a jamais communiqué sur cette affaire, mais il a réagi sur l’affaire de spoliation d’immeuble pour rétablir la vérité », a réagi Me Mukendi, ajoutant que son client « va revenir en RDC, il a toujours voulu revenir ».
« L’important est d’assurer sa sécurité et d’obtenir la garantie d’un procès équitable », a-t-il ajouté.
Moïse Katumbi, 52 ans, est un ancien allié du président Joseph Kabila. Il a rompu avec lui en septembre 2015 et a été choisi un an plus tard comme candidat à la présidentielle par d’anciens soutiens de Kabila, passés à l’opposition.
Autorisé à se rendre à l’étranger pour subir des soins médicaux depuis mai 2016, M. Katumbi a été depuis condamné en RDC à trois ans de prison pour une affaire immobilière. Il est allé en appel contre cette décision, dénonçant un procès « politique ».
M. Katumbi a par ailleurs porté plainte le 2 juin auprès du comité des droits de l’Homme de l’ONU à Genève contre le gouvernement de Kinshasa qu’il soupçonne de vouloir l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle, théoriquement prévue avant la fin de l’année.
L’institution onusienne a accusé réception de sa plainte dans une lettre datée du 13 juin où elle demande à l’État congolais de « prendre toutes les mesures nécessaires en vue d’assurer » que M. Katumbi « puisse rentrer en République démocratique du Congo et puisse participer, librement et en toute sécurité, en tant que candidat, à l’élection présidentielle ».
Âgé de 46 ans, M. Kabila est au pouvoir depuis 2001, son mandat a échu le 20 décembre 2016. La Constitution lui interdit de se représenter alors que le pays traverse une crise politique profonde.
(AFP 29/06/17)