Un nouveau front de crise politique agite la République démocratique du Congo, où le Premier ministre du président Joseph Kabila, Bruno Tshibala, et l’opposition radicale anti-Kabila se disputent l’héritage et le nom du parti historique d’opposition UDPS de feu Etienne Tshisekedi.
Nommé Premier ministre en mars dernier d’un gouvernement d' »union nationale », contesté par les opposants, M. Tshibala a été désigné dimanche président de l’Union démocratique pour le progrès social (UDPS) lors d’un congrès extraordinaire à Kinshasa devant quelques centaines de militants surchauffés.
M. Tshibala a rendu hommage au fondateur de l’UDPS dans les années 80, Etienne Tshisekedi, le père de Félix Tshisekedi, actuel président du Rassemblement de l’opposition.
M. Tshibala s’est engagé à organiser « des obsèques dignes » pour Etienne Tshisekedi, décédé le 1er février à Bruxelles, et dont le corps n’a toujours pas été rapatrié en raison de la crise politique en RDC.
Il a encouragé l’UDPS à « se mettre en ordre de bataille en vue d’obtenir de bons résultats » lors des élections présidentielle, législatives et locales prévues le 23 décembre 2018, évoquant des alliances avec d’autres partis.
M. Tshibala a revendiqué la propriété « du siège de l’UDPS à Limete », commune de Kinshasa et fief du fils de M. Tshisekedi.
L’UDPS « branche Tshibala » n’est pas reconnu par l’UDPS « branche Limete ».
« M. Tshibala est en train de prouver à la face du monde qu’il a été recruté par M. Kabila pour balkaniser l’UDPS », a réagi le porte-parole de l’UDPS « branche Limete », Augustin Kabuya, qualifiant le Premier ministre de « vagabond politique ».
M. Tshibala a été exclu de l’UDPS en début d’année avant d’être nommé Premier ministre, a-t-il affirmé à l’AFP.
Sans préciser de date, M. Kabuya a rappelé que l’UDPS tiendrait son congrès pour élire son nouveau président de parti après la mort d’Etienne Tshisekedi.
Principale force du Rassemblement de l’opposition, l’UDPS « branche Limete » demande le départ du président Kabila dès la fin de l’année.
M. Tshibala avait été nommé Premier ministre en vertu d’un accord politique pouvoir-opposition du 31 décembre 2016 qui prévoyait aussi élections au plus tard en décembre 2017.
La fin du deuxième et dernier mandat de M. Kabila est intervenue le 20 décembre 2016 selon la Constitution, qui autorise le président à rester en fonctions jusqu’à l’installation d’un successeur élu.
(AFP 11/12/17)