RDC: Les propos obscurs de Paul Kagame

Paul Kagame

Il ne rate plus l’occasion de s’exprimer sur la situation politique en République Démocratique du Congo. Pour le moment le président rwandais enfourche son costume de président en exercice de l’Union Africaine et de voisin immédiat pour revendiquer son droit d’opiner sur la crise politique en RDC. C’est sous cette première casquette que le trio Kagame-Lourenço-Macron avait justifi é la prise d’une « initiative régionale sur la RDC » qui recevait la bénédiction de la France. Une initiative dont le contenu avait été recherchée par Kinshasa, en convoquant les ambassadeurs des pays en concertation à l’Hexagone. Personne n’a appris les résultats de ces entretiens menés par le vice-Premier ministre congolais en charge des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu.

Tout le monde avait gardé son souffl e, espérant découvrir le potau-rose lors de la prochaine rencontre de l’organisation sous régionale prévue prochainement dans la capitale angolaise, et à laquelle les autorités de Kinshasa sont conviées. Mais saura-t-on exactement ce qui s’était tramé dans la capitale française au mois de mai dernier ? En tout cas les propos du président rwandais à l’hebdomadaire Jeune Afrique n’augurent aucune perspective positive. Paul Kagame, parlant de la RDC, est demeuré étanche, ouvrant la voie à l’équivoque. « La situation congolaise impacte l’Angola et le Rwanda, en tant que frontaliers, et la France, en tant que partenaire ayant des intérêts économiques en Afrique centrale », a rappelé M. Kagame. Cela suffi t-il pour valoir le ballet diplomatique ayant conduit les présidents angolais et rwandais dans les capitales française et belge ? Le Congo se trouve-t-il dans sa première crise pour justifi er une implication aussi profonde et la recherche à l’écart de la solution par ses voisins et partenaires ayant de gros intérêts économiques ?

Ne pas attendre la réponse du président rwandais. Paul Kagame écarte, cependant, toute idée de complot contre le régime de Kinshasa, et élargit le cercle de parties prenantes à une éventuelle initiative (dont il ne confi rme pas l’existence). A la question y afférente, il tranche : « si initiative il y a, elle n’implique pas que ces trois pays. La région, l’Afrique, mais aussi les Etats-Unis, l’Europe, la Chine, la Russie se préoccupent de ce qui se passe en RD Congo ». De la même maniè- re ? Avec la même formule et les mêmes moyens ? Là aussi, pas la peine de compter sur le président rwandais. Il décline, cependant, la détermination du trio (ouvert ?), à savoir le respect de l’Accord de la Saint-Sylvestre à la base du calme observé dans le pays en décembre 2016. « Tout ce que nous souhaitons (…) c’est que ces accords conclus entre Congolais soient respectés par leurs signataires », a enseigné Paul Kagame qui soutient par ailleurs que « parler d’un axe hostile formé par ces trois pays relève soit de l’imagination, soit du prétexte pour détourner l’attention des vrais problèmes ».