La police congolaise a annoncé vendredi soir la reddition après plusieurs heures d’accrochages à Kinshasa d’un député, gourou d’une secte politico-religieuse ayant appelé à l’insurrection en République démocratique du Congo (RDC) contre le président Joseph Kabila.
Ne Muanda Nsemi et son épouse viennent de se rendre à la police,
a déclaré à l’AFP le colonel Rombaut-Pierrot Mwanamputu, porte-parole de la police congolaise.
Dans l’après-midi, de nouveaux accrochages avaient eu lieu autour du domicile du député Ne Muanda Nsemi,chef de la secte Bundu Dia Kongo(BDK), selon une journaliste de l’AFP.
Plusieurs dizaines de policiers antiémeutes, armés de fusils d’assaut, encerclaient sa résidence, mais ses partisans affirmaient qu’il ne se trouvait pas à l’intérieur.
« Honorable Ne Muanda Nsemi, laissez sortir les femmes et les enfants », criait un policier à l’aide d’un porte-voix. Près d’une dizaine d’hommes allaient et venaient au deuxième étage de cette résidence inachevée, lançant des pierres sur les policiers.
Selon plusieurs témoins de ce quartier du nord-est de Kinshasa, la police avait auparavant ouvert le feu plusieurs fois sur le bâtiment.
Depuis deux semaines, la police tentait de déloger les occupants retranchés dans cette résidence, pour y mener une « perquisition ».
« L’opération est en cours (…) il y a de la résistance mais nous comptons finir le travail et libérer toutes les personnes au plus tard demain (samedi) matin. Cette histoire a trop traîné »,
avait déclaré le colonel Mwanamputu.
L’officier a refusé de donner immédiatement le bilan global de l’opération.
Originaire du Kongo-central (ouest de la RDC) et député de Kinshasa, Ne Muanda Nsemi a appelé récemment sur internet à l’insurrection contre le pouvoir de M. Kabila, à qui il dénie la nationalité congolaise.
Bundu Dia Kongo (« Royaume du Congo » en kikongo) prône la restauration du royaume Kongo, qui a connu son apogée au XVIe siècle et dont l’autorité s’étendait sur l’actuel Kongo-central et des territoires aujourd’hui en Angola, au Congo-Brazzaville et au Gabon.
En 2008, la secte avait été visée par une violente opération militaire, après avoir mené une série d’attaques contre des agents de l’État et avoir appelé la population locale à chasser de la province les « non-originaires ».
Jamais arrêté, Ne Muanda Nsemi avait amorcé un rapprochement avec M. Kabila à partir de fin 2015. Il a fait brutalement volte-face dans un climat de tensions politiques liées au maintien au pouvoir du chef de l’État au-delà du terme de son mandat, échu le 20 décembre.
Depuis janvier, ses adeptes ont été à l’origine de plusieurs attaques meurtrières dans le Kongo-central.
(AFP 04/03/17)