Le nonce apostolique en République démocratique du Congo a dénoncé « un Etat prédateur de son peuple » dans un entretien reproduit jeudi par plusieurs médias congolais, dans lequel il confirme que le pape ne se rendra pas à Kinshasa avant la tenue d’élection pour éviter tout « risque de manipulation ».
Le pape François « est attristé par une certaine distance que l’on perçoit entre la classe politique et son peuple », a déclaré le nonce, Mgr Luis Mariano Montemayor, à la radio onusienne Okapi, de retour d’une visite de cinq jours dans la région troublée du Kasaï.
« Ce n’est pas une critique qu’on peut faire seulement à l’Etat. L’Etat (congolais) a une tradition d’Etat prédateur de son peuple », a-t-il ajouté dans cet entretien reproduit jeudi par plusieurs journaux congolais.
« Pourquoi le pape a parlé plus que la classe dirigeante kasaïenne sur le problème du Kasaï? », s’interroge le nonce.
La nonciature a été la première à donner le bilan de quelque 3.000 victimes dans le Kasaï, qui subit depuis un an des affrontements entre forces de sécurité et milices Kamuina Nsapu, du nom d’un chef traditionnel tué en août 2016.
Argentin comme le pape François, le nonce a confirmé que le Souverain pontife conditionnait « évidemment » un voyage en RDC à l’organisation d’élections.
« Avant ça, [il y a] risque de manipulation, d’exploitation de la visite du Saint Père. Soit pour dire qu’il appuie la continuation du gouvernement illégitime. Soit pour ceux qui […] espèrent expulser le régime en fonction des mouvements populaires », a-t-il développé.
La RDC traverse une crise politique liée au maintien au pouvoir de M. Kabila dont le deuxième mandat a pris fin le 20 décembre 2016. La Constitution lui interdit de se représenter.
Très influente en RDC, l’Eglise catholique a parrainé le 31 décembre 2016 un accord pouvoir-opposition prévoyant des élections avant fin 2017. Mais aucun calendrier électoral n’a encore été publié et la RDC se trouve toujours dans une impasse politique.
L’opposition demande le départ de M. Kabila et la publication d’un calendrier électoral.