Le groupe de G-13, qui milite pour obtenir les réformes en matière électorale avant les scrutins de 2023, peut mettre un holà à leur croisade actuelle. En effet il nous revient que dans divers milieux politiques tout comme à la Société civile et même au niveau de certains ténors du FCC du Raïs Joseph Kabila, le discours dominant, c’est celui des reformes électorales à engager pour ne pas rééditer les élections chaotiques qui ont marqué les trois derniers cycles électoraux organisés en RDC depuis 2006 avec le face-à-face Kabila-Bemba qui a conduit à la première guerre de Kinshasa depuis l’indépendance.
Puis vient 2011 Joseph Kabila-Etienne Tshisekedi avec « l’autoproclamation comme Président de la République élu, légal et légitime » du Lider Maximo de l’UDPS et plus les toutes dernières en 2018 mettant en lice, Félix Tshisekedi de l’UDPS et Martin Fayulu Madidi de LAMUKA qui s’est aussi par la suite autoproclamé seul « Président de la République élu, légal et légitime » exactement comme en 2011 avec le » Sphinx de Limeté » Etienne Tshsisekedi contestant la légitimité de Joseph Kabila. Tout le monde convient que c’est tout de même trop, trois cycles électoraux qui n’ont conduit qu’à de graves crises de légitimité.
Il faut donc une profonde réflexion pour essayer de comprendre et surtout conjurer ce mauvais sort. C’est cela qui s’appelle réformes. Mais elles doivent porter juste sur la matière électorale, celle qui constitue le soubassement de tout développement de la RDC. La majorité des Congolais est aussi d’avis que ces réformes ne doivent pas être menées à partir de la rue comme certains pouvaient le croire mais bien au sein des Institutions de l’Etat principalement le Parlement qui est le législateur.
Il est bon de noter que cette majorité des Congolais qu’on peut qualifier de pro-réforme comprend tout à fait bien aussi qu’il y a une majorité parlementaire qui appartient à une plateforme politique qui est le FCC et qu’on aurait tort de la mettre à l’écart des réformes électorales qui concernent la révision des différentes lois en cette matière notamment la loi électorale, la loi organique sur la CENI et la loi organique sur la Cour constitutionnelle. Tout le monde aussi l’a bien compris.
C’est pourquoi intervient alors la tenue d’un dialogue que le G-13 appelle « forum » où seraient parties prenantes toutes les forces vives de la nation qui serait chargé de dégager un consensus sur les matières électorales à reformer. Ce dialogue ou forum, certains le tournent en bourrique en affirmant surtout du côté du FCC qu’il ne servirait qu’à un partage des postes entres acteurs politiques.
C’est pour cette raison que l’ECC » Eglise du christ eu Congo » par exemple qui est en train de préparer ce dialogue qu’il appelle « Concertations nationales » prévenant d’entrée de jeu qu’il n’y serait pas discuté ni la répartition des postes ministériels ni dans le Portefeuille de l’Etat. Il sera uniquement question des réformes profondes de l’Etat. Il serait juste que ce dialogue soit convoqué par une Ordonnance du chef de l’Etat pour mieux imprimer l’implication de l’Etat qui mettra en œuvre lesdites réformes. Celles-ci passent obligatoirement par la tenue de ce dialogue qui a donné la matière à réformer.
C’est ce schéma de reformes impulsées en dehors des Institutions que les Congolais ont plusieurs fois connu par le passé. En 1990, la démocratisation du régime du Maréchal Mobutu commence par l’organisation d’un forum national dénommé » Conférence nationale souveraine » -CNS- qui réunit au Palais du Peuple à Kinshasa 2.800 délégués venant de toutes les strates de la nation. Ce sont eux qui ont élaboré les textes et mis en place les Institutions de la transition qui devraient être fonctionnelles jusqu’aux élections générales. Ce forum ne s ‘est pas tenu dans une Institution de l’Etat ni seulement avec les seuls représentants des Institutions publiques.
De 1998 à 2003, une partie de la RDC est occupée par les Etats voisins comme le Rwanda et l’Ouganda qui ont même créé des rebellions de pacotille à leur solde comme le RCD, le RCD/N out tout autre RCD et le MLC. Pour en sortir, il est organisé un forum national en Afrique du Sud sous l’égide de l’ONU et dénommé » Dialogue intercongolais » qui réunit des délégués du gouvernement de Joseph Kabila, de toutes les rébellions qui contrôlent une portion du territoire national, ceux de l’Opposition et de la Société civile plus particulièrement les Eglises notamment l’Eglise catholique avec la participation du Cardinal Frédéric Etsou.
Ce dialogue intercongolais ne s’est pas non plus tenu dans les Institutions de l’Etat et moins encore avec uniquement les délégués de l’Etat. C’est ce forum qui a élaboré l’actuelle Constitution du 18 Février 2006 sonnant l’avènement de l’actuelle IIIème République en passant par une période de transition de 2003 à 2006. Plus près de nous, c’est en 2016 lorsque Joseph Kabila est à la fin de sa deuxième mandature alors que les élections n’ont pas été organisées.
Il convoque à la Cite de l’UA un dialogue présidé par le Togolais Edem Kodjo et chargé de mettre conventuellement en place une transition politique pour faire face à cette difficulté de vide constitutionnel. En l’absence de l’Opposition radicale pilotée par le chef historique de l’UDPS, Etienne Wa Mulumba, le forum de l’UA fait flop. Pour les mêmes objectifs, Joseph Kabila soutient de deux mains l’autre dialogue, initié alors au Centre-interdiocésain de Kinshasa par les Pères-Evêques de la CENCO.
C’est toujours en dehors des Institutions publiques et sans uniquement les seuls délégués de l’Etat. Côté LAMUKA de Martin Fayulu Madidi, on attend de pied ferme un tel forum pour trouver un consensus sur les reformes électorales, a fait avoir hier Devos Kitoko, secrétaire général d’ECIDE. Mais pas sous la convocation par une Ordonnance du Président de la République, Félix Tshisekedi qu’à LAMUKA on qualifie de » problème » et le problème ne peut jamais devenir la solution.