Avec la proposition de loi portant réformes électorales portée par Christophe Lutundula et le Groupe de 13 personnalités, c’est le schéma de sortie de crise proposé par Martin Fayulu qui est battu en brèche. Plus que jamais Fayulu se sent de plus en plus isolé, Jean-Pierre Bemba, l’un des leaders de Lamuka, ayant donné sa caution morale à l’initiative du Groupe de 13.
Le G13 a pratiquement vidé de son contenu le plan de sortie de crise de Martin Fayulu. En ramenant leurs propositions de réformes électorales au sein du Parlement, Christophe Lutundula et le Groupe de 13 sont finalement revenus à la voie tracée par le Front commun pour le Congo (FCC) qui exigeait à ce qu’aucune discussion ne se fasse en dehors du cadre institutionnel. La proposition de loi transmise au bureau de l’Assemblée nationale prend à contrepied le FCC. Plus de parade possible.
En portant les réformes au sein des institutions, les initiateurs de cette proposition de loi ont mis le FCC dos au mur. Les deux présidents de deux chambres du Parlement ont indiqué, dans leurs discours d’ouverture de la session de septembre 2020, que les critiques et cris du peuple ont été finalement entendus. C’est de bonne guerre.
En des termes clairs, il faut s’attendre à ce que le cas Ronsard Malonda, les projets de loi Minaku-Sakata et bien d’autres, en déphasage avec la volonté populaire, soient également mis à l’écart.
Quant aux réformes, il sera question de suivre la volonté du peuple telle que contenue dans les propositions du Groupe de 13. Le message est suffisamment clair qu’il ne sera pas accepté n’importe quoi dans les réformes. Le choix est de faire route avec Martin Fayulu dans la voie de la haute autorité des réformes ou faire la même chose au sein des institutions.
Jean-Pierre Bemba cherche un sauf-conduit
Pour l’instant, le Groupe de 13 a réussi un soutien de taille : celui de Jean-Pierre Bemba Gombo, l’un des leaders de Lamuka, principale force de l’opposition, dont fait d’ailleurs partie Martin Fayulu. Le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC) a signé son adhésion totale à la proposition de loi déposée par les députés du Groupe G13 au bureau de la chambre basse du parlement congolais.
Sur son compte Twitter, Jean-Pierre Bemba a donné sa caution à cette initiative législative de réforme de la loi électorale.
L’adhésion de Jean-Pierre Bemba a éveillé une certaine curiosité. Que vaut ce soutien ?
Exclu à la présidentielle de 2018 pour corruption, conformément à l’article 10 de la loi électorale, Jean-Pierre Bemba pourrait voir s’offrir un sauf-conduit, si jamais la proposition de loi portée par le Groupe de 13 triomphait au Parlement.
En effet, cette proposition de loi dispose qu’ « outre le génocide, crime contre l’humanité… qui rend définitivement inéligible, un candidat écarté dans un scrutin pour d’autres infractions devient de nouveau éligible, une fois que sa peine purgée ».
Condamné pour subornation des témoins à la Cour pénale internationale (CPI) – une infraction que la Cour constitutionnelle a assimilée à la corruption – Jean-Pierre Bemba s’est vu interdire de participer à la présidentielle de décembre 2018. Avec l’incise prévue dans la proposition de loi du Groupe de 13, ce verrou pourrait être levé, permettant ainsi au chairman d’avoir droit au chapitre aux élections de 2023.
C’est dire que le soutien de Jean-Pierre Bemba à la proposition de loi initiée par Lutundula et le Groupe de 13 n’est pas le fait du hasard. Il s’inscrit dans un schéma politique bien pensé. Il y a cependant un obstacle à franchir, convaincre le FCC, largement majoritaire au Parlement, à adhérer à cette réforme. Sinon, Jean-Pierre Bemba ne pourra jamais prétendre à un mandat électif en RDC.
Eco News