Le respect de la Constitution réaffirmée par le président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku

L’enjeu et le chaud débat de l’heure autour du mode de l’organisation des élections ont été au centre de l’échange que le président de l’Assemblée nationale a eu avec des représentants très exigeants de la diaspora rencontrés au Canada et devant lesquels le speaker de la représentation nationale a réaffirmé que le pouvoir de Kinshasa n’entend nullement bousculer les dispositions constitutionnelles sur cette question controversée dans tout l’univers politique congolais.

« Le président de la République et sa Majorité sont déterminés à observer la Constitution, à respecter le peuple congolais, seul détenteur du pouvoir et à n’agir que dans le respect de la volonté de ce même peuple ». C’est en ces termes que s’est exprimé le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, devant les Congolais de la diaspora du Canada, en marge de la 40ème Assemblée parlementaire francophone tenue à Ottawa. Cette déclaration, faite par le secrétaire général de la Majorité présidentielle, peut-elle calmer les esprits, mettre fin à la polémique et autre suspicion sur une éventuelle volonté de Joseph Kabila de se représenter en 2016 ? Wat and see.

La 40ème session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) tenue du 7 au 8 juillet 2014 à Ottawa, au Canada, a vécu. La délégation congolaise, conduite par le sénateur Modeste Mutinga, a déjà regagné Kinshasa. A noter qu’au sein de cette délégation dans la capitale canadienne figurait le président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku, vice-président international de l’APF.

Avant de quitter le sol canadien, celui-ci a été pris d’assaut par la communauté congolaise du Canada. Il devait les éclairer sur cette question qui fait l’actualité au pays, à savoir les rumeurs sur l’éventualité d’une révision de la Constitution actuellement en vigueur. Démarche qui, selon une certaine opinion nationale et internationale, aurait pour finalité de permettre au président Joseph Kabila de se présenter à l’élection présidentielle de 2016, malgré le verrouillage contenu dans l’article 70 de la Constitution, à savoir :

« Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois ».

En sa double qualité de président de la Chambre basse du Parlement et de secrétaire général de la Majorité présidentielle (MP), Aubin Minaku ne pouvait se dérober à cet exercice démocratique et républicain. En deux temps, il a déroulé une communication bien maîtrisée qui a meublé les débats entre lui (plus proche collaborateur du président Kabila) et les compatriotes qui ont choisi de vivre au Canada. En lieu et place de l’électricité dans l’air, c’est plutôt à un duel constructif sur les idées et principes que les échanges s’étaient déroulés.

Sa déclaration restera à jamais gravée dans la mémoire de ses interlocuteurs réputés bouillants et cassants. Aussi est-il allé droit au but, en évitant les circonlocutions : « Le président de la République et sa Majorité sont déterminés à observer la Constitution, à respecter le peuple congolais seul détenteur du pouvoir et à n’agir que dans le respect de la volonté de ce même peuple ».

Acte suicidaire ou téméraire, cette prise de position du secrétaire général de la MP, ont estimé certains observateurs, ne serait pas en contradiction avec ses précédentes sorties  publiques et pour lesquelles il n’aurait reçu aucun reproche. En clair, Aubin Minaku a, au nom du président Joseph Kabila, fourni une réponse à cette délicate question qui ne cesse de tarauder les esprits tant au pays qu’à l’étranger.

En revanche, cet éclairage donne de l’eau au moulin de certains pays amis qui en ont fait même une fixation, notamment les Etats-Unis. Washington ne rate aucune occasion pour répéter et marteler que la révision de la Constitution actuelle n’était pas acceptable ; et donc ne devrait être à l’ordre du jour.

Il va de soi que dans la déclaration du président de l’Assemblée nationale, les dispositions visées sont celles touchant aux articles verrouillés de la loi fondamentale. Ce qui paraît également limpide dans la déclaration d’Aubin Minaku, c’est aussi cet engagement de « n’agir que dans la volonté de ce même peuple ». L’ensemble des groupes représentatifs du peuple, tout comme une large opinion des Congolais soutiennent toute tendance visant le respect de la Constitution pour des raisons de stabilité.

Le secrétaire général de la MP le reconnaît plus explicitement quand il laisse entendre que « les institutions de la République ont pour mission de promouvoir la démocratie, consolider l’unité nationale et œuvrer pour la stabilité institutionnelle, économique et sociale ». La Majorité présidentielle qui fait de ces agrégats le socle de son bilan lors des scrutins à venir ne peut se permettre de faire écrouler l’édifice.  L’autre sujet abordé est celui portant sur la double nationalité.

Une porte entrouverte

Le choix du Canada pour faire cette déclaration n’est pas fortuite. Il a une portée symbolique non négligeable. Le Canada partage une longue frontière avec les Etats-Unis, dont le gouvernement se fait le défenseur incontesté des Constitutions africaines « actuelles ».

En rassurant les Congolais du Canada, Aubin Minaku touche également ceux des Etats-Unis. En même temps, le speaker de la Chambre basse du Parlement tenterait de rassurer les partenaires américains que l’idée d’une révision visant les articles verrouillés de la Constitution n’aurait jamais traversé l’esprit de sa famille politique, à commencer par le président Kabila.

Certains sceptiques continuent, en ce qui les concerne, de considérer que ce discours n’avait pour objectif que d’endormir les Congolais de la diaspora. Ce que rejettent catégoriquement d’autres participants à cette rencontre pour qui, il apparaît clairement que tous « les gouvernements partenaires qui poussent sur le respect de la Constitution forcent une porte entrouverte. Personne dans la Majorité ne va modifier la Constitution ». Cette frange importante de participants est convaincue par le discours d’Aubin Minaku au point de considérer que le débat n’avait plus sa raison d’être après toutes ces assurances reçues.

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