La plus haute juridiction sud-africaine a autorisé jeudi un vote de défiance au Parlement à bulletins secrets plutôt qu’à main levée contre le président Jacob Zuma, fragilisé depuis des mois par une série de scandales politico-financiers.
Le président de la Cour constitutionnelle, Mogoeng Mogoeng, a déclaré que la présidente du Parlement Baleka Mbete avait les «pouvoirs constitutionnels» d’organiser un vote de défiance à bulletins secrets. La requête sollicitant ce vote avait été déposée par l’opposition sud-africaine.
«Il est établi que la présidente du Parlement a les pouvoirs constitutionnels d’ordonner qu’un vote de défiance contre le président de la Ré- publique d’Afrique du Sud soit mené à bulletins secrets», a déclaré jeudi M. Mogoeng. «Le fait que le vote soit mené à bulletins secrets est une décision qui reste catégoriquement entre les mains de la présidente du Parlement», a-t-il précisé.
Les adversaires du chef de l’Etat ont déposé contre lui une nouvelle motion de défiance pour dénoncer le remaniement ministériel controversé de la fin mars, marqué par l’entrée au gouvernement d’une dizaine de ses proches.
L’opposition a exigé le secret du vote de la motion déposée au Parlement, persuadée de pouvoir «retourner» une partie des députés du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), qui y ont la majorité absolue. Car si les scandales autour de Jacob Zuma irritent l’opposition, qui ré- clame régulièrement sa démission, ils ont également créé des remous au sein de l’ANC, et exposé les divisions au sein de ce parti.
En avril, Mme Mbete avait refusé d’envisager ce vote à bulletins secrets, estimant que la Constitution ne l’autorisait pas. L’affaire avait donc atterri devant la Cour constitutionnelle.
Seule Mme Mbete, jusque-là loyale à Jacob Zuma, décidera de l’oppor- tunité de ce vote plutôt qu’à main levée. Aucune date pour ce nouveau vote n’a pour l’instant été fixée.
Lors des votes de défiance précédents, l’ANC a toujours soutenu le chef de l’Etat. M. Zuma a également jusqu’ici réussi à garder le contrôle de l’ANC, qui doit élire à la fin de l’année son successeur à la tête du parti en vue des élections générales de 2019.
L’actuel vice-président Cyril Ramaphosa, chef des frondeurs anti-Zuma, fait partie des favoris face à Nkosazana Dlamini-Zuma, l’ancienne patronne de l’Union africaine (UA) qui a le soutien du chef de l’Etat, son ex-mari.
AFP