Le dialogue voulu par le Président de la République est quasi-irréversible, peut-on croire, en ce que l’initiative reçoit la bénédiction de plusieurs forces nationales et internationales. La désignation du Togolais Edem Kodjo, en qualité de Facilitateur de cette palabre est la preuve du soutien de l’Union africaine à ce rendez-vous destiné à décrisper le climat politique en RDC. L’ONU, les partenaires européens et américains ne cachent pas leur soutien, évidemment avec une nuance invitant les acteurs à respecter les prescrits de la Constitution, singulièrement les dispositions verrouillées.
On attend donc la descente imminente à Kinshasa de l’ancien patron de l’ex-OUA pour découvrir sa recette en faveur de la conciliation de vues des Congolais autour de l’objectif et des matières à débattre au cours du dialogue voulu inclusif. Ici s’effritent les déclarations de certaines personnalités de l’opposition qui récusent déjà l’émissaire de l’UA avant même de découvrir son agenda. Preuve que le conseil de sécurité désignerait quelqu’un d’autre que les opposants cracheraient immédiatement sur lui ; l’opposition congolaise n’a pas la notion du dialogue, préférant un arbitre qui viendrait simplement déboulonner l’homme au pouvoir.
L’UDPS compte cependant parmi les partis politiques et regroupements acquis au dialogue à tout prix. Mais la cohésion nouée autour de la tenue de ces assises ne tient pas la roue lorsqu’il est question des matières. On le sait, pour l’initiateur de la palabre, il est question de se pencher sur deux matières, à savoir le dernier découpage territorial et l’organisation des scrutins électoraux prévus dans la Loi fondamentale. Tout en agréant la recette, l’UDPS en rajoute une liée au verdict des urnes de la présidentielle de 2011 ; en clair, le parti d’Etienne Tshisekedi entend réclamer qu’on lui cède le pouvoir qu’il prétend avoir gagné en 2011.
Pour qui connaît le président de l’UDPS, loin de sa tête l’idée de blaguer, d’user du chantage ; la revendication sera mise sur le plateau avec tout le sérieux du monde. A prendre ou à laisser, et le parti claquera aussitôt la porte du dialogue ouvrant de nouveau la porte au blocage hermétique, d’autant qu’il sortirait du rêve de voir les délégués de la majorité s’incliner devant une pareille revendication. Le pouvoir risque donc de poursuivre le débat avec des partis et personnalités n’ayant aucun poids politique, aucune revendication fondée, sinon le partage des postes ministériels.
Le camp de boycott aurait-il raison à ce sujet ? Vraisemblablement, les violons donneront des insomnies à s’accorder ; les déclarations des puissances du monde au sujet des élections en RDC font pousser des ailes à des opposants – ayant un poids international – à miser gros et autrement que par le dialogue. Vu sous cet angle, le dialogue, même s’il venait à se tenir, irait droit au mur. Pour plus de chance, devrait-on réclamer à la MP une concession de plus, pour prendre langue avec des personnalités qui auraient « trahi » récemment, mais qui, hélas, constituent la vraie interface pour le moment. Peut-on sagement se permettre d’occulter le G7 dans le paysage politique congolais actuellement ?