La RDC se bat contre une épidémie d’Ebola depuis près de deux mois. Une épidémie qui est distincte de celle qui sévit en ce moment en Afrique de l’Ouest. Officiellement, quarante-deux personnes en sont mortes, à ce jour.
Dans la province de l’Equateur, la lutte contre l’épidémie s’organise, mais la zone concernée est très vaste et surtout difficile d’accès. Ce qui constitue un obstacle à la sensibilisation dont doivent s’occuper le ministère de la Santé congolais et l’OMS, et qui est loin d’être effective partout.
« Allez mesdames, vous avez l’occasion de poser des questions, ne vous cachez pas, sinon après, vous allez dire des bêtises », lance Micky Kambala. Chargé de la sensibilisation pour Médecins sans frontières, il fait le tour du village d’Ituku, l’un des premiers touchés par la fièvre Ebola. Un mois et demi plus tard, les messages sont passés.
« C’est capital car il faut que les gens connaissent leur ennemi, on ne se bat pas contre quelqu’un qu’on ne connaît pas, déclare Micky Kambala. Vous avez entendu dire autour de vous qu’on ne peut pas se serrer la main, on ne peut pas manger ensemble, la population pour le moment a compris, [les gens] fréquentent d’ailleurs d’eux-même notre centre de traitement Ebola »
Mais à une quarantaine de kilomètres de là, au bord de la rivière Lomela, changement de décor… Sur le marché, installées à même le sol, les femmes haussent les épaules quand on leur parle d’Ebola. « Ebola, oui je sais que c’est une maladie, mais ne je sais pas comment elle s’attrape », dit une femme. « Oui bien sûr, j’en ai entendu parler, dit une autre, mais je ne sais pas expliquer ce que c’est. Non, je ne sais pas. »
Crainte des humanitaires
Pourtant le dernier village touché par l’épidémie est à moins de quinze kilomètres. La rivière marque le début de la zone de quarantaine. Deux mois ou presque après l’apparition d’Ebola, c’est la grande crainte des humanitaires : que l’épidémie aille plus vite que la sensibilisation dont le ministère de la Santé est pourtant en charge, alors que les villages sont enclavés dans la forêt, sans réseau téléphonique ni routes pour faire circuler l’information.