Ce n’est ni le président de l’Udps Etienne Tshisekedi, ni le secrétaire général Bruno Mavungu, ni le porte-parole Joseph Kapita, encore moins le chef du Département des Relations extérieures (DRE) Félix Tshisekedi, mais plutôt le Chargé des Communications et Médias Eddy Lukuna qui a été mandaté par le fils du lider maximo pour publier le document intitulé « COMMUNIQUE POUR DIFFUSION IMMEDIATE – CONDAMNATION DE DIOMI NDONGALA – LES CONGOLAIS NE SONT PAS CONTENTS DE LEUR JUSTICE « . Or, dans la dernière mise en place opérée par Tshisekedi le 28 janvier 2014, le DRE vient en 2ème position après le Secrétariat général, donc en 3ème position si on commence par la présidence du parti. Et Félix Tshisekedi est placé en 7ème position après Bruno Mavungu, Bruno Tshibala, François Ebamu, Willy Iliba, Aimé Ilunga et Anatole Kapay, c’est-à-dire en 8ème position si l’on compte Etienne Tshisekedi. Comme pour dire aux proches de Diomi qu’ils n’ont jamais été dans les bonnes grâces de rue Pétunias. Probablement que le lider maximo ne veut pas personnellement associer son nom à la sale histoire de viol sexuel. Ni son fils héritier dont l’arrivée à Kinshasa a été annoncée pour le 8 avril par son cabinet domicilié à Bruxelles…
Daté du 31 mars 2014, le Communiqué de soutien à Eugène Diomi Ndongala comprend 4 paragraphes. Le premier est ainsi formulé : » Le Secrétaire National aux Relations Extérieures Félix Antoine Tshisekedi, traite de ‘parodie’ et de ‘pièce justicio-théâtrale’ la récente condamnation à 10 ans, du Président National, l’Honorable Eugène Diomi Ndongala par la Cour suprême de la RDC ».
Deuxième paragraphe : » Le verdict, de nature politique, n’effacera jamais le leit motif de l’Honorable Diomi Ndongala qui est la vérité des urnes. Kabila sait qu’il a triché aux élections, sa famille politique le sait également ainsi que toute la communauté internationale. Le caractère illégitime de son régime demeure intact et ses difficultés de gouverner le pays sont palpables sur le terrain », déclare Félix Tshisekedi.
Troisième : » Le cas Diomi Ndongala, désormais parmi les dossiers que Félix Antoine Tshisekedi portera dans les hauts lieux de la Communauté internationale que sa nouvelle stratégie diplomatique vise désormais, tant en Europe qu’aux Etats-Unis ainsi qu’au Canada ».
Dernier paragraphe : » En fin de compte, seule l’acquisition de l’impérium permettra l’effectivité du pouvoir par le Président élu de la RDC et donc l’établissement d’une justice équitable et respectueuse des droits de la personne. Dès lors, toutes les Congolaises et tous les Congolais pourront avoir accès à une justice équitable et indépendante du pouvoir politique. Le cas du genre Diomi Ndongala appartiendrait alors à l’histoire ».
La signature est une curiosité en elle-même : « Pour info : Eddy Lukuna, chargé des Communications et Médias; Tel. : 001-647-8596397″. Or, elle devrait être : » Pour le Secrétaire national en charge du Département des Relations extérieures ».
Il ne sert à rien d’être analyste avisé pour comprendre que ni Félix Tshisekedi, ni Eddy Lukuna ne s’y engagent formellement, tout comme la Haute hiérarchie (présidence et secrétariat général de l’Udps) s’en abstient.
Au demeurant, le fait que tout ce beau monde ait attendu 5 jours pour prendre position (le verdict a été prononcé le 26 mars 2014) traduit un flottement qui trahit un soutien pour le moins gênant. Un soutien juste pour la forme.
Ministre 25 mois sur près de 25 ans de carrière politique…
Ainsi, on peut le dire sans fioritures : cinq jours après le verdict le condamnant à 10 ans de prison pour viol des mineures, Eugène Diomi Ndongala réalise à ses dépens le « suicide politique » auquel il s’est livré en 2011 en misant sur le candidat Etienne Tshisekedi pour remporter la présidentielle et lui permettre, personnellement, de redevenir peut-être ministre puisque personne de sensé ne le voyait Premier ministre, encore moins président de l’Assemblée nationale ou du Sénat.
La première fois que Diomi Ndongala avait été nommé ministre, c’était en 1993 dans le Gouvernement anti-Cns dirigé par Faustin Birindwa, un des proches de Tshisekedi récupéré par le maréchal Mobutu. Pour l’anecdote, laisse-t-on entendre, le transfuge de l’Udps s’était fait abuser en confondant Me Eugène Diomi Ndongala (qui lui avait été recommandé) avec Eugène Diomi Ndongala, venu d’Italie. Pour l’histoire, ce gouvernement ne fonctionna que près d’une année; remplacé par celui de Léon Kengo revenu aux affaires en 1994 dans le cadre du schéma « ni Cns, ni conclave politique de Kinshasa » promu par Mgr Laurent Monsengwo pour mettre fin au dédoublement des institutions de la République.
La deuxième fois qu’Eugène Diomi Ndongala est devenu ministre, c’est en 2003 dans le cadre du schéma « 1+4 » issu du Dialogue intercongolais. Il en sera démis en 2004 pour être remplacé par Kalele, un autre transfuge de l’Udps devenu son partenaire. Professeur d’université, Kalele a cessé de fréquenter rue Pétunias.
Ainsi, depuis son retour au pays dans les années 1990, le président de « Démocratie chrétienne » n’aura été ministre que 25 mois sur près de 25 ans ou 300 mois de carrière politique. Soit un 12ème de temps ! C’est trop disproportionné.
La vengeance, un plan qui se mange froid
Avec Tshisekedi comme président de la République élu, l’homme ne pouvait que miser gros, et c’est tout ce qu’il y a de légitime. A défaut du perchoir au parlement ou de la primature, il s’estimait en droit d’envisager un come back au ministère des Mines.
Il se fait seulement que blanchi sous le harnais, le chef historique de l’Udps a le flair aiguisé pour identifier la personne qui l’approche pour servir et celle qui le fait pour se servir. L’anecdote lui attribue la devise du Mpr : » Servir, oui; se servir, non ! ».
C’est ainsi que dans le cadre de la présidentielle 2011, il a laissé venir à lui Vital Kamerhe de l’Unc et, tout naturellement Eugène Diomi Ndongala de Dc. Non pour en faire des partenaires, mais des strapontins. Il déteste tous ceux qui font pression sur sa personne, mieux ceux qui croient se servir de son aura pour leur propre positionnement.
Toute l’histoire de l’Opposant Etienne Tshisekedi depuis les années 1980 est d’ailleurs un enchaînement de descente en flammes ou de descente en enfers pour ses « proches » : Dikonda, Ngalula, Lihau, Birindwa, Beltchika, Kibassa, Gisanga, Mukendi et, pas plus tard que hier, Moleka.
Sans faire le parricide, Félix Antoine Tshisekedi wa Mulumba cherche à avoir une attitude conciliante à l’égard des « cibles » de papa. On l’a vu pactiser avec Honoré Ngbanda, soutenir la Caravane de la paix de Vital Kamerhe et, aujourd’hui, témoigner de sa solidarité avec Eugène Diomi Ndongala. Premier constat : il le fait loin de la présence de son père. Deuxième constat : même s’il ne le désavoue pas publiquement, Etienne Tshisekedi s’arrange pour ne pas y donner suite.
Concrètement parlant, Félix sait qu’il n’obtient pas et n’obtiendra jamais la caution du lider maximo. En d’autres mots, ses initiatives ne pèsent pas.
Il faut alors faire preuve de beaucoup de naïveté pour se réjouir d’un soutien sans fondement.
L’anecdote raconte que le père a la dent dure, en plus de la mémoire d’éléphant.
Comme relevé dans les précédentes livraisons sur ses relations avec Eugène Diomi Ndongala, il n’a jamais oublié que le président de Dc avait trahi la Conférence nationale souveraine en rejoignant Faustin Birindwa. Il l’avait trahi, lui, en disant OUI au référendum constitutionnel de 2005, participé aux élections de 2006 et, tout récemment, fait valider son mandat à l’Assemblée nationale alors qu’il a enjoint les siens à ne pas y aller.
Depuis, on ne l’a pas vu poser un seul geste de solidarité à l’égard de Diomi Ndongala pendant toute la période de cavale et pendant tout le déroulement du procès.
En bon Sphinx, il sait que la vengeance est un plat qui se mange froid.
Il est en train de le consommer.
En silence…
Omer Nsongo die Lema