L’économie congolaise à l’instar de celles d’autres pays africains, a ressenti les effets néfastes de la conjoncture internationale difficile au cours de l’année 2015. Celle-ci était caractérisée par la baisse de l’activité économique due essentiellement à la chute brutale des prix des matières premières sur le marché international, notamment le cuivre, le cobalt, l’or et le pétrole.
Toutefois, la croissance économique de la RDC est restée soutenue par le secteur primaire, en dépit du fléchissement de sa contribution à 3,4 points revenant de 5,5 points en 2014. Le secteur tertiaire vient quant à lui en deuxième position avec une contribution de 3,1 points liée au dynamisme des activités de commerce, de transport et télécommunication.
L’autorité monétaire a fait remarquer que cette évolution a été attestée par une baisse sensible du moral des chefs d’entreprises, indiquant qu’à fin novembre 2015, le solde brut d’opinions favorables des chefs d’entreprises a été au plus bas, s’établissant à 5,1 contre 21,8 à la période correspondante de 2014. Cette baisse de confiance a affecté l’investissement dont la contribution à la croissance est passée de 1,6 point à 0,6 point de pourcentage d’une année à l’autre.
Selon lui, cette baisse était consécutive à l’exécution du budget de l’Etat, et qu’elle était aussi causée par la contraction des réserves budgétaires et la chute brutale des réserves internationales se situant à USD 1,48 milliard au 29 décembre 2015 contre USD 1,64 milliard à fin décembre 2014.
Il a relevé qu’en dépit de ces résultats, le cadre macroéconomique est demeuré globalement stable. Le taux d’inflation annuel se situe à 0,8% contre 1,0% l’année précédente. Les cours de change indicatif et parallèle n’ont enregistré que des dépréciations marginales, respectivement de 0,3% et 0,1%.
Le gouverneur de la BCC s’est félicité du fait que l’activité bancaire est demeurée dynamique et le secteur continue de s’étendre progressivement à l’intérieur du territoire national. Les dépôts bancaires et les crédits accordés à la clientèle ont enregistré des hausses annuelles respectives de 10,5% et 14%, alors que leurs taux moyens de progression se sont situés à 19,7% et 24,6% entre 2012 et 2014. Le rythme moyen d’accroissement des actifs des banques sur cette même période était de 18,4% et augmenté de 12,2% en 2015.
Par contre, il a déploré le niveau élevé de la dollarisation de l’économie et le coût élevé du crédit influencé notamment par d’importantes charges d’exploitation supportées par les banques.
Il a cependant noté que l’activité de la Banque centrale du Congo a été marquée par la poursuite de la mise en œuvre du plan stratégique 2014-2017, dans un contexte particulièrement difficile induit par l’effritement des ressources et moyens d’action.
Malgré ces difficultés, elle a maintenu la stabilité de la monnaie et des prix dans la durée, le taux directeur à un niveau bas de 2%, baissé le coefficient de la réserve obligatoire sur les dépôts à vue en monnaie nationale de 7% à 2%, en vue de fournir la liquidité aux banques et de contribuer au processus de dédollarisation de l’économie congolaise et injecté près de 60 milliards de la liquidité au moyen du bon BCC.
Sur le plan financier, la Banque centrale a renforcé son dispositif de surveillance des intermédiaires financiers en alignant son cadre réglementaire aux normes internationales et en se dotant d’un système interne de notation des banques dans le cadre de la supervision basée sur les risques.
Politique économique contra-cyclique
Par ailleurs, le gouverneur de la BCC a saisi cette occasion pour appeler le gouvernement à mener une politique économique contra-cyclique afin de préserver d’une part, la stabilité macroéconomique et d’autre part à soutenir l’activité économique en RDC.
Cet appel, selon lui est consécutif à l’atonie de l’activité économique mondiale ayant une pesanteur sur l’économie interne, caractérisée par la faiblesse de l’investissement qui impliquerait des corrections budgétaires en 2016 comme c’était le cas en de 2015.
Par ailleurs, le gouverneur de la Banque centrale du Congo a émis les vœux de voir le gouvernement appuyer les réformes initiées pour accélérer le développement du système financier national et améliorer l’offre des services financiers au public.
Il a indiqué que ces réformes concernent notamment six projets de lois sur la Banque centrale, la recapitalisation de la Banque centrale, l’activité des établissements de crédit, le système national des paiements, la défiscalisation des provisions pour les créances douteuses ainsi que le bénéfice de banques aux avantages se rapportant au code des investissements.
Il a souhaité que le gouvernement accélère, d’une part, le processus de transformation du Fonds de promotion de l’industrie (FPI) en banque de développement afin que le pays dispose d’une banque publique spécialisée et, d’autre part, la création d’un fonds de garantie des crédits afin d’encourager le financement des entreprises, notamment des PME.
Rappelons que la République démocratique du Congo a terminé l’année 2015 avec un taux de croissance économique de 7,7%.