La requête de la société civile locale exige au gouvernement encore plus de clarifications allant au-delà d’un simple démenti.
L’opinion publique congolaise est quelque peu désorientée au regard des informations contradictoires distillées ces derniers temps au sujet de la présence présumée des soldats burundais sur le sol congolais, précisément dans la plaine de la Ruzizi au Sud-Kivu. Le dernier pavé jeté par le général Abdallah Wafi, représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU en RDC, est venu compliquer la donne. Sans ambages, l’officiel onusien a confirmé la présence d’hommes en armes et en uniformes burundais à Kiliba, village frontalier considéré, d’après des sources, comme le quartier général officieux de l’armée burundaise à l’est de la RDC.
Les récentes révélations du général Abdallah Wafi tranchent avec les approximations de la Monusco qui, à ses débuts, semblait plutôt hésitante. Elles sont de nature à convaincre les sceptiques sur ce qui paraît désormais être une évidence. Les affirmations de l’officiel onusien corroborent ce qu’a avancé RFI qui, dans ses investigations, avait confirmé en son temps la présence militaire burundaise au sud-Kivu. Et pourtant, dans les milieux officiels congolais, on continue à démentir les faits avec la dernière énergie à l’image du porte-parole du gouvernement qui persiste et signe : « Il n’y a aucun soldat burundais sur le sol congolais ».
Nonobstant les convictions gouvernementales, les populations locales n’arrêtent de dénoncer la présence des centaines des soldats burundais à Kiliba. Ces derniers, à ne croire la société civile locale, seraient bien visibles surtout aux heures du soir lorsqu’ils effectuent leurs patrouilles à bord des véhicules portant des plaques d’immatriculation burundaise. Que font ces forces régulières burundaises sur le territoire congolais ? La question taraude bien des esprits. Il appert, d’après des sources, que ces éléments burundais mèneraient, au nom d’un accord secret de coopération militaire entre Kinshasa et Bujumbura, des opérations conjointes avec les Fardc contre les rebelles burundais des Forces nationales de libération (FNL).
Une explication qui, d’après maints observateurs, ne résisterait pas à l’analyse lorsqu’on sait que, depuis près d’un an, aucune action militaire n’a été engagée dans ce sens. À cela s’ajoute le fait que les deux protagonistes, les FNL d’une part et la coalition Fardc- FDN (Force de défense nationale) d’autre part, seraient basés respectivement entre les moyens plateaux du territoire d’Uvira et la plaine de la Ruzizi. « Attaquées à plusieurs reprises ces derniers mois par les rebelles burundais, les FDN n’ont amorcé aucune opération terrestre en guise de représailles », fait remarquer un analyste qui perçoit d’autres mobiles pouvant justifier la présence des soldats burundais en RDC. Ce, d’autant plus que la présence de l’armée congolaise est minime à Kiliba et dans ses différents secteurs. D’où la requête de la société civile locale demandant au gouvernement encore plus de clarification allant au-delà d’un simple démenti.