La distribution de carburant a été rationnée vendredi pour le troisième jour de suite à Kinshasa alors qu’un bras de fer oppose le gouvernement et les groupes pétroliers sur le prix de l’essence sur fond de crise sociale et politique.
Mercredi et jeudi, de nombreuses pompes à essence des distributeurs légaux dans la capitale de la République démocratique du Congo, avaient fermé à 17h00 (16h00 GMT) alors qu’elles sont habituellement ouvertes au-delà de minuit, selon des journalistes de l’AFP.
Les distributeurs officiels en RDC, c’est-à-dire ceux qui respectent les prix fixés par l’État et s’acquittent de leurs impôts, « font pression sur le gouvernement » et ont décidé « d’un commun accord » de réduire les horaires d’ouverture de leurs pompes à essence, « le temps que les chosent bougent », a déclaré à l’AFP une source dans la distribution pétrolière.
« Les prix […] n’ont pas changé depuis plusieurs mois alors que le franc [congolais] s’est dévalué », a-t-on ajouté de même source, « aujourd’hui, on perd de l’argent sur chaque litre vendu », dans un « environnement catastrophique ».
Lors du dernier ajustement décidé par le gouvernement, le prix du litre d’essence est passé en août de 1.440 à 1.540 francs congolais. Depuis cette date, le franc congolais – qui ne cesse de chuter par rapport au dollar depuis plus d’un an du fait de la crise économique que traverse le pays – a perdu plus de 30% de sa valeur et s’échange aujourd’hui autour de 1.300 francs pour un dollar.
Des discussions sont en cours entre les représentants des distributeurs (les congolais Cohydro et Cobil, le sud-africain Engen, le français Total) et le gouvernement.
A l’issue d’une réunion infructueuse, le ministre de l’Économie congolais, Modeste Bahati a déclaré vendredi sur la télévision publique qu' »une nouvelle structure de la tarification » du prix à la pompe serait décidée incessamment.
Mais la marge du gouvernement est très limitée. La RDC est l’un des pays africains où le prix de l’essence est le plus élevé, selon des données de la Banque mondiale, et la population, qui vit largement dans la misère, voit ses conditions de vie se dégrader de jour en jour avec la crise liée à la baisse des prix des matières premières.
Une hausse du carburant et ses effets connexes, sur le prix du transport, par exemple, ne ferait qu’empirer les choses, alors que le pays travers une période d’incertitude en plein crise politique liée au maintien au pouvoir du président Joseph Kabila au-delà du terme de son mandat, le 20 décembre dernier.