Tous ont volé, tous n’ont pas été arrêtés ! Le périple kasaïen de Félix Tshisekedi aura permis d’ouvrir la boîte à Pandore sur le comportement des cadres de l’UDPS œuvrant autour du chef de l’Etat. Depuis le divorce d’avec le FCC et l’éloignement de Vital Kamerhe la rixe engage plutôt les seuls cadres de l’UDPS, qui tiennent au loin les responsables issus des rangs du MLC et d’Ensemble pour la République. Un mal nécessaire ? L’UDPS n’a jamais hésité de diaboliser les autres partenaires de l’Union sacrée accusés d’appétit exagéré de postes.
Désormais seule aux commandes, le parti présidentiel donne la mesure de ses limites morales et professionnelles. Le combat des gladiateurs se déroulent désormais entre ces combattants longtemps donneurs de leçon. Tel Marcel Bilomba, conseiller de Félix Tshisekedi en matière économique. L’intellectuel made académie suisse, on se le rappelle, s’est voulu plus intellectuel et plus orthodoxe que Vital Kamerhe lors du procès des 100 jours. C’est lui qui, aujourd’hui, peine à justifier (au niveau de l’UDPS encore) l’affectation d’une bagatelle de plus de 3 millions de dollars à la construction d’une seule école dans la ville de Mbuji-Mayi.
Comme pour venger Vital Kamerhe, Alphonse Ngoy Kasanji, ancien gouverneur du Kasaï-Oriental, dénonce la surfacturation de l’ouvrage. Non sans s’attirer le courroux du tout puissant conseiller. Marcel Bilomba savait-il avoir énervé d’autres cadres avec cette arrogance, alors que les 14 millions décaissés et affectés à la construction des infrastructures sociales – écoles et centres de santé – sont inexistants sur le terrain ? Et que pour cette raison, le « petit peuple » du Kasaï a crié aux « Biivi » (voleurs), invitant Félix Tshisekedi à sanctionner.
Le site du barrage de Katende, dans le Kasaï-Central a également offert le même spectacle avec des altercations verbales entre des combattants et un conseiller du chef de l’Etat. Ici encore 6 millions de dollars débloqués ont servi uniquement à couper l’herbe sur le site. Combien de millions faudra-t-il alors pour relancer et surtout parachever l’ouvrage dont on dit crucial pour l’approvisionnement des populations de Kananga et Mbuji-Mayi en énergie électrique ?
Le vol, les détournements pendant cette période pose un sérieux problème que l’on peut situer même à la base du balbutiement du gouvernement Sama Lukonde. Sur le terrain, en effet, des conseillers du président de la République se conduisent en ministres, dépouillant l’Exécutif de toutes ses prérogatives. Comment peut-on justifier le pilotage de la construction des écoles et centres de santé par un conseil de la présidence de la République alors qu’il existe des ministres sectoriels ? L’interrogation vient également de Félix Tshisekedi en personne, étonné de l’absence de la SNEL dans les articulations du chantier barrage de Katende.
Solution. Elle vient de Jean-Marc Kabund, président a.i de l’UDPS, J.C Katende et Jonas Tchombela, de la société civile et proches du parti présidentiel. Tous ont plaidé pour la gestion des ces détournements soupçonnés par la justice. « L’honorable Ngoyi Kasanji qui n’a fait que son travail de contrôleur de l’action de l’exécutif mérite mieux que des insultes. Au nom de l’UDPS et au mien propre, je tiens à lui présenter des excuses et prie à la justice de se saisir de la dénonciation pour établir des responsabilités », a indiqué Jean-Marc Kabund.
De son côté, Jonas Tshiombela considère : « Le député Ngoyi Kasanji mérite considération. Affaire 14 milllions Usd, aucune loi n’autorise à un conseiller soit-il du chef de l’Etat de poser pareil acte. La justice doit faire son travail ». Position partagée par Jean-Claude Katende de l’Asadho pour qui « Il est urgent pour que l’IGF et la justice fassent un tour par là pour qu’on sache comment l’argent a été géré. C’est là aussi que la justice devrait montrer sa rigueur ». Pour d’aucuns, le cabinet de Félix Tshisekedi ressemble à la cour du roi Pétaud où tout le monde est maître, et exerce ses prérogatives sans la moindre limite ; des conseillers qui agissent dans les secteurs réservés aux ministres. On rappelle la raison qui avait conduit, en son temps, au limogeage de l’ancien responsable de la presse présidentielle.
LR.