La vérité finit toujours par prendre le dessus. Depuis son accession au pouvoir l’UDPS est loin d’offrir une prestation à la hauteur de ses revendications. Fille aînée de l’opposition ayant combattu la dictature pendant 32 ans, le parti ne fait point preuve d’une organisation structurée qui aurait préparé ses cadres à des responsabilités d’Etat. A preuve, les convulsions actuelles liées à l’organisation des élections qui pointent à l’horizon.
Faute de maîtriser les méandres de la loi en la matière, l’UDPS fait face au rejet total de ses listes à la députation nationale. Des listes présentées par des responsables non autorisés, rappelle-t-on, et donc incompétents d’engager le parti en la matière. De fil en aiguille, cette crise a nourri une deuxième consécutive à l’organisation d’un congrès expéditif aux termes duquel les auteurs de l’entorse fatale, Augustin Kabuya et Jacquemin Shabani, ont été mis out. Les deux cadres sont respectivement secrétaire général et numéro un de la Commission électorale du parti (CEP/UDPS).
Fidèle à sa tradition, le parti vient d’exclure, par décision du 9 août et portant le seing d’Augustin Kabuya, les putschistes. Ils sont 4 membres défenestrés pour violation des statuts et règlement intérieur de cette formation politique. Hubert Mukuna Kabongo, Joseph Lokuli Lokokaki, Jean Lucien Minga Misha, Augustin Bomba Ngila sont reprochés d’avoir organisé un congrès au cours duquel a été désigné un nouveau président du parti, en protestation du forfait commis dans la transmission des listes des candidats à la Centrale électorale.
Sur un autre plateau, le parti, dont le membre dirige le ministère de l’Intérieur, est accusé d’avoir mis hors course d’autres ailes concurrentes. Il en est le cas de l’Alliance pour le changement de Jean-Marc Kabund, mais aussi et surtout de l’UDPS originelle dirigée par Corneille Mulumba. Ce dernier reproche au ministre de tutelle d’avoir transmis à la CENI une liste des partis politiques UDPS (des ailes), sans l’UDPS fondée en 1982. Dans sa réplique épistolaire, le co-fondateur recourt à l’histoire récente pour offrir tous les détails relatifs à l’évolution du parti suivant la cadence politique du pays.
« En effet, créé le 15 février 1982 par un groupe de 13 parlementaires et d’autres personnalités du monde politique, économique et scientifique, l’UDPS avait reçu son agrément par l’Arrêté ministériel n° 091-049 du 17/ 01/1991, délivré par le Ministère de l’Intérieur congolais, autorité compétente, dans la suite du processus de démocratisation et l’avènement du multipartisme, entamé le 24 Avril 1990. A l’avènement de l’AFDL, en 1997, les activités des partis politiques furent interdites sur l’ensemble du territoire national.
Cette interdiction fut levée en 1999 par Mzee Laurent Désiré Kabila, Président de la République, avec obligation pour tous les partis politiques d’obtenir un nouvel agrément. C’est dans ce cadre que les honorables François Lusanga Ngiele et Dia Onken Ombel, tous deux membres du groupe des 13 parlementaires et fondateurs historiques de l’UDPS, ainsi que Monsieur Kyungu Mukange Jean, membre co-fondateur, tous trois mandatés par le Collège des fondateurs de l’UDPS, organe suprême du parti, sollicitèrent et obtinrent un nouvel agrément sous le numéro 013/200 du 23/09/2000.
Curieusement, Monsieur le VPM et Ministre de l’intérieur, vous retenez sur la liste des partis et regroupement politiques éligibles aux scrutins électoraux de décembre 2023 transmise à la CENI quatre partis politiques dénommés « UDPS » et identifiés.
Comme tout un chacun peut le constater : Primo. Trois de ces partis politiques s’identifient en un patronyme qui fait allusion à une famille biologique (Article 5 de la loi n° 04/002 du 15 Mars 2002 portant organisation et fonctionnement des partis politiques. Secundo. Ils usurpent les logos, emblème et symbole de l’UDPS crée en 1982 par les 13 parlementaires.
Tertio. Trois d’entre eux sont identifiés par un même numéro d’agrément, le 091-049 du 17/01/ 1991 ; Quarto. Ledit numéro d’agrément avait été abrogé du fait de l’interdiction des activités des partis politiques par l’ADFL et de l’obligation d’un nouveau numéro d’agrément en 1999. Quinto: A l’UDPS dite Kibassa est attribué abusivement le numéro d’agrément 013/ 2000, l’identifiant du parti politique « UDPS » dont je suis le co-fondateur. Sexto. Sur ladite liste ne figure nulle part le nom du parti politique «UDPS» tel qu’identifié par le numéro d’agrément 013/2000 de l’Autorité compétente.
Or, l’article 7 de la loi n° 04/ 2002 du 15 Mars 2004 portant Organisation et fonctionnement des partis politiques stipule : « Aucun parti politique ne peut adopter la dénomination, le sigle, les symboles et autres signes distinctifs d’un autre parti politique déjà enregistré par l’autorité publique compétente sous peine des sanctions prévues par la présente loi ».
La lettre poursuit : « Vu ce qui précède, je sollicite que vous puissiez réexaminer le cas du parti politique UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) portant le numéro d’agrément 013/2000 du 23 Septembre 2000, parti dont je suis co-fondateur. En effet, ce parti est le seul qui est conforme à la loi congolaise. C’est donc lui qui devra être le seul à prendre part aux joutes électorales de décembre 2023 pour le compte de l’UDPS », peut-on lire dans cette correspondance.
Les arrêtés qui fâchent
Corneille Mulumba donne ici de précisions sur ces deux Arrêtés dont trois partis politiques utilisent les mêmes logo, emblème et symboles. Tandis que le quatrième utilise abusivement le vrai arrêté attribué à l’UDPS.
Ces Arrêtés sont décrits de la manière suivante :
1.UDPS/ LE PEUPLE, Président : Valentin Mubake, Arrêté n° 091-049 du 17/01/1991;
- UDPS/ TSHIBALA, Président : Tharcisse Loseke, Arrêté n° 091-049 du 17/01/1991;
- UDPS/ TSHISEKEDI, Président : Félix Tshisekedi Tshilombo, Arrêté n° 091-049 du 17/01/1991;
- UDPS/ KIBASSA, Président : Augustin Kibasa Maliba, Arrêté n° 013/2000 du 23/09/2000
Le 5e UDPS est celui de Corneille Mulumba portant l’Arrêté n° 013/2000 du 23/09/2000. Mais ce dernier est écarté de la liste des partis transmis à la CENI. Pour lui, on l’a simplement écarté des scrutins.
Corneille Mulumba dénonce ainsi la violation de la loi sur les partis politiques et l’usurpation des logos, emblème et symbole de l’UDPS par 4 partis politiques.
Avec Gel Boumbe