Le joueur Lema Mabidi, milieu de terrain de l’AS V.Club jusqu’à la finale de la Ligue des champions de la CAF 2014 a été vendu dans des conditions scabreuses au CS Sfaxien de Tunisie. Mais qui a vendu Lema pour que les Tunisiens du CS Sfaxien soient tellement sûrs de leur fait pour l’aligner dès son arrivée dans leur pays ? Ce dossier est en réalité un arbre qui cache la forêt.
Pour l’affaire Lema, les véclubiens à la recherche des voies et moyens pour rentrer dans leurs droits ont consultés la FECOFA. L’instance faîtière du football congolais les a orientés vers le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne qui pourra trancher. Et c’est là que s’ouvre la boîte de Pandore des transferts de joueurs congolais.
Au V.Club l’on affirme que Chikito Lema était sous contrat et que le CSS devait logiquement négocier avec lui pour s’attacher les services du middleman. Ici il se pose la qualité du contrat détenu par V.Club, notamment des termes dans lesquelles le joueur venant du Shark XI FC et produit du SC Ujana de l’Entente de football KILIMANI à Kinshasa lui avait été cédé. Est-ce que le joueur lui avait été cédé à titre définitif ou pas ?
Le député honoraire Denis Kambayi prétendait un jour sur un plateau de télévision que V.Club n’avait pas 5 joueurs « définitifs ». Est-ce le cas de Lema Mabidi ? Le comité de V.Club devrait le prouver par un contrat avalisé par la FECOFA. Là aussi, il y a un deuxième problème plus sérieux.
Aucun club de football de la RDC n’a un statut de professionnel en dépit de la réalité vécue dans les grands clubs affiliés à la FECOFA. TP Mazembe, Saint Eloi Lupopo, V.Club, DCMP et bien d’autres disposent des structures et fonctionnent comme des équipes professionnelles sans présenter de statut légal équivalent. Conséquence : les contrats amateurs qu’ils signent ont une valeur moindre dans les transactions internationales.
C’est-à-dire un athlète qui veut quitter une équipe de la RDC peut s’engager avec une équipe étrangère sans rien devoir au club propriétaire ou détenteur de son contrat. Il faut alors rencontrer un partenaire de bonne foi pour que les choses se passent bien. Sinon ce sont des travers du genre de ce qu’a connu le TP Mazembe avec Alain Kaluyituka Dioko pour son départ au Qatar et aujourd’hui V.Club avec Lema Mabidi.
Le problème est grave pour le football congolais car les clubs auront à investir pour des joueurs qui leur seront arraché pour des broutilles par les étrangers. Car V.Club n’avait pas refusé de céder Lema mais estimait le prix offert par les Tunisiens dérisoire. Encore une fois, à combien Lema avait-il été vendu et par qui ?
Mazembe s’est retrouvé il y a quelques temps dans les mêmes sales draps avec Patou Kabangu ou Mputu Trésor. Car, les athlètes congolais veulent absolument partir pour l’étranger. Et des agents joueurs peu scrupuleux les entraient à signer des contrats bidons dont ils se sortent difficilement. Lofo Bongeli, le capitaine des Léopards locaux victorieux du CHAN 2009 peut raconter sa pénible expérience en la matière.
Finalement, la solution pour les équipes solides financièrement sera de traiter avec des étrangers sérieux comme les Zambiens ou Ghanéens à travers des contrats internationaux avalisés par la CAF. C’est vrai que V.Club pleure le départ par la petite porte de l’Ougandais Yunus Santamu. Mazembe se félicite de la rectitude des Zambiens qui savent respecter les engagements comme ce fut le cas avec Sunzu Stopilla, Nathan Sinkala et pas mal d’autres.
La FECOFA qui organise un championnat national hors norme pourra peut être se décider à aller plus loin en déclarant « professionnelle toute équipe évoluant en LINAFOOT» pour protéger ses sociétaires qui ont besoin d’argent pour fonctionner. Ne vous en faîtes pas, l’exemple tunisien sera suivi par d’autres maffieux du football africain au détriment des équipes congolaises.