La ville de Beni s’apprête à accueillir le président Joseph Kabila vivement attendu pour sanctionner le cycle des crimes qui viennent d’y être commis

De Kisangani où il séjourne depuis la semaine dernière, le président Joseph Kabila va poursuivre sa mission actuelle à l’Est en se rendant dans la ville de Beni récent théâtre d’indicibles horreurs de tueries des Congolais que l’opinion nationale condamne par des sévères sanctions à prendre contre tous les suspects impliqués dans ces tueries.

Des informations circulant à Beni font état de l’arrivée imminente de Joseph Kabila dans le grand « pays Nande », venant de la Province Orientale. Pas une première. Mais cette visite annoncée du Raïs à Beni intervient dans un contexte particulier, marqué par des vagues de tueries dans la population civile. Plus de 80 personnes ont trouvé la mort à la suite des incursions des islamistes ougandais des ADF/NALU. La population, dont les plaies sont encore béantes, rumine de colère et révolte.

Ce sentiment de révolte collective des autochtones de Beni est en plus renforcé par des accusations ça et là de « prétendues complicités » entre certains éléments des Fardc et les assaillants des ADF, comme affirmé par Antipas Mbusa Nyamwisi. C’est dans ce contexte de désarroi que va débarquer Joseph Kabila. Cependant, Julien Paluku, qui est encore sur place à Beni, a fait le tour du propriétaire hier pour échanger avec la population sur cette question qu’il aborde sans circonlocutions. Car pour lui, le gouverneur de la province du Nord-Kivu n’y a rien de tel.

Ce sont des affabulations. Paluku persiste et signe que ce sont les ADF/NALU qui sont en train d’intoxiquer la population avec des mensonges soi-disant qu’ils sont de mèche avec les Fardc. L’objectif poursuivi est d’opposer la population à son armée alors qu’elles ont toujours été en symbiose.

Il faut donc mettre tout en œuvre pour que cette campagne de diabolisation échoue. Et de demander qui est l’ennemie : les Fardc ou les ADF ? On ne peut s’y tromper, note-Julien Paluku, l’ennemie, ce sont les ADF. Il est question maintenant de les réduire à leur simple expression avec le soutien de la population.

Que des têtes tombent

N’empêche que dans cette ambiance délétère qui prévaut à Beni, la population ne manquera de demander au Président Kabila que des têtes tombent. Cela est inévitable. Et pour cause ? 84 personnes tuées sans qu’on ne voie les Fardc.

Ce sont ceux à qui incombe cette responsabilité qui vont en répondre devant le chef de l’Etat. S’il y en a qui exigent le départ du commandant de l’opération « SUKOLA », c’est principalement du fait que c’est lui qui dispose d’une unité opérationnelle et mobile d’intervention. Logiquement, il doit dire pourquoi à chaque attaque des ADF, son unité est inopérante.

De la manière dont la Cour opérationnelle du Nord-Kivu siégeant aux audiences publiques à Beni dans l’affaire de l’assassinat du colonel Mamadou Ndala avait entendu le général Mundos, commandait de l’opération  » SUKOLA  » comme renseignant. La Cour lui avait demandé pourquoi son unité n’était pas allée à la rescousse du colonel Ndala attaqué.

La réponse est qu’il n’avait pas encore eu la logistique pour le faire. La même question est transposée à la situation actuelle à Beni. De toute évidence, Joseph Kabila tombe dans le cas du Katanga avec les exploits inexplicables des miliciens « Bakata-Katanga « .

Comme au Katanga…

Ceux-ci, un jour de mai 2013, avaient quitté à pied la commune de la Rwashi, à Lubumbashi, munis seulement d’armes blanches pour occuper sans coup férir, pendant quatre bonnes heures, la mythique  » Place-Tshombe  » à la Grand-Poste, au centre-ville de Lubumbashi, considéré pourtant comme un fort. Il ne pouvait y manquer des complicités dans la strate sécuritaire du Katanga.

On se rappelle que des têtes tombées au plus haut niveau de la province, les deux généraux chargés des Fardc et de la Police nationale, les directeurs de l’ANR et de la DGM étaient éjectés. Au Nord-Kivu, lors de la guerre du M23, d’aucuns n’avaient cessé de dénoncer des complicités avec l’ennemie dans la chaîne de commandement.

Lorsque Goma tombe facilement et ridiculement en décembre 2012, Kabila réorganise le commandement opérationnel. Il met au devant de la scène, sur la ligne de front, un trio des braves officiers, incorruptibles, patriotes et nationalistes. Il s’agit du général François Olenga, chef d’Etat-major-Forces terrestres, général Jean-Lucien Bahuma, commandant des Opérations et commandant de la 8ème Région militaire et du colonel Mamadou Ndala, commandant du Bataillon-commandos de choc chargé des assauts sur le terrain.

C’est avec ce trio que les Fardc, soutenues par la Monusco, ont volé de victoire en victoires jusqu’au cuisant revers du M23. Ce n’est plus qu’un mirage à ce jour vu la situation catastrophique qui prévaut à Beni après la disparition tragique de deux éléments du trio de victoire.

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