La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a appelé vendredi au calme après des violences en République démocratique du Congo, notamment dans les provinces des Kasaï.
Les corps de deux experts de l’ONU avaient été retrouvés mardi au Kasaï-central, après l’annonce par le gouvernement du massacre de 39 policiers par des rebelles.
« Je suis profondément préoccupée par les nombreux rapports faisant état d’une situation de violences graves depuis plusieurs mois en République Démocratique du Congo (RDC), en particulier dans les provinces des Kasaï », a déclaré la procureure Fatou Bensouda dans un communiqué.
Une rébellion, se réclamant du chef coutumier Kamwina Nsapu tué dans une opération militaire en août, secoue depuis six mois quatre provinces du centre du pays (Kasaï-central, Kasaï, Kasaï-oriental et Lomami), causant la mort d’au moins 400 personnes.
« J’appelle toutes les parties potentiellement impliquées à s’abstenir de recourir à la violence criminelle », a-t-elle ajouté, évoquant « des informations (faisant) état de violences entre des milices locales et les forces congolaises, du meurtre (…), d’enlèvements et d’exécutions sommaires de personnes, y compris d’experts des Nations Unies en mission et de leurs accompagnateurs ».
Les corps de deux experts, l’Américain Michael Sharp et la Suédoise Zaida Catalan, ont été retrouvés mardi après avoir été enlevés le 12 mars avec leurs quatre accompagnateurs congolais.
La police nationale congolaise a accusé lundi des rebelles d’avoir massacré au Kasaï 39 de ses agents qui seraient tombés la semaine dernière dans une « embuscade » tendue par des miliciens Kamwina Nsapu.
L’ONU a accusé la rébellion de recrutement d’enfants et de nombreuses atrocités, tout en reprochant aux forces de l’ordre de faire un usage disproportionné de la force contre des miliciens armés essentiellement de bâtons et de lance-pierres.
« Je n’hésiterai pas à agir si des actes constitutifs de crimes relevant de la compétence de la Cour sont commis et à prendre toutes les mesures qui s’imposent pour poursuivre en justice les personnes responsables », a encore averti Mme Bensouda, assurant « surveiller avec une extrême vigilance la situation » en RDC.
Son bureau y a ouvert en 2004 une enquête portant essentiellement sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis à l’est du pays, dans l’Ituri et dans les provinces du Nord et du Sud Kivu, qui a mené aux premiers condamnations de la CPI.
Basée à La Haye, la Cour est compétente pour poursuivre des auteurs présumés de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis depuis le 1er juillet 2002.
(AFP 31/03/17)