L’institut qui délivre des visas de courts séjours à destination de l’Europe, la Maison Schengen à Kinshasa, est devenue la bête noire des artistes et autres professionnels pour qui, fouler le sol européen est devenu un calvaire. Voici ma triste mésaventure.
Nous sommes en août 2014, je reçois un message qui m’annonce que je viens de remporter un concours international. Une fierté pour moi et ma petite équipe de cinq personnes qui avons travaillé dur pendant des mois pour arriver à ces fins. Un atelier de formation en Allemagne nous ouvre ses portes pour améliorer nos connaissances en blogging et multimédia.
Notre séjour devant durer deux semaines, nous faisons une demande de visa court séjour à la Maison Schengen de Kinshasa. Nous sommes à deux mois du départ prévu et tous les éléments nécessaires pour déposer nos dossiers sont réunis. Pourtant, trois semaines plus tard, nous accusons un premier refus.
Au vu de cette information, mon équipe et moi obtenons le soutien de l’ambassade d’Allemagne à Kinshasa, dont le gouvernement co-organise l’atelier. Malgré cette recommandation, nos demandes sont de nouveau rejetées. La participation à cet atelier ne restera donc qu’un rêve…
Hommage Posthume
L’organisateur de l’atelier nous envoi tout de même nos certificats de participation signés, les badges d’accès et des photos souvenirs. L’ambassade d’Allemagne en France écrit même sur son site Internet, un article sur « notre participation » à cet atelier. On nous remet même des ordinateurs pour réparer l’injustice.
Mais voulant en découdre avec la Maison Schengen, j’y ai fait une nouvelle demande de visa à l’occasion d’un forum international de jeunes organisé cette fois-ci en Belgique. Nouvelle déception là encore, malgré les assurances de l’organisateur. Je viens là, de subir mon troisième refus en moins d’un an.
L’ Afrique des Eurosceptiques
Comme moi, de milliers de personnes en RDC expérimentent les dérives d’un système dans lequel un pays décide suivant sa propre appréciation d’accorder ou non l’entrée en Europe. Pourtant en 2010, le Ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere disait : « La procédure devrait devenir plus rapide, et quelle que soit la décision finale, il faut que nos hôtes soient accueillis de manière correcte, dans la dignité… ».
Six ans plus tard, ce vœu plein de bonnes intentions cache une autre réalité : les artistes se plaignent de ne pas pouvoir honorer des contrats et des prestations, sans compter ceux qui comme moi, ratent des conférences et des ateliers. Aller en Europe reste presque sans espoir pour qui veut y accéder pour la première fois en passant par la Maison Schengen.