Washington muée en marge du sommet USA-Afrique en eldorado des rendez-vous politiques des leaders congolais

A côté du président Joseph Kabila le principal invité officiel de la RDC au Sommet USA-Afrique qui s’ouvre ce lundi à Washington, plusieurs acteurs politiques congolais de tous les camps politiques ont tenu à se donner rendez-vous dans cette ville capitale fédérale américaine pour que chacun aille plaider auprès de l’Oncle Sam sa cause de positionnement au pays.

En marge du Sommet USA-Afrique qui s’ouvre ce jour, la capitale fédérale américaine réunit des représentants de la classe politique congolaise. Une cinquantaine de Chefs d’Etat africains participeront aux travaux du Sommet Etat-Unis d’Amérique-Afrique qui s’ouvre dès ce lundi 4 août à Washington. Le Président américain Barack Obama et ses hôtes échangeront sur le thème : « investir dans la génération future ». En prévision de cette importante rencontre, le Chef de l’Etat rd congolais, Joseph Kabila est arrivé hier dans la capitale américaine. 

En marge de ce forum essentiellement économique, des représentants de la classe politique congolaise, invités d’une Ong américaine, séjournent depuis quelques jours dans la capitale fédérale de la plus grande puissance économique mondiale. Parmi ces délégués, figurent les majors aussi bien de la majorité présidentielle que de l’Opposition « républicaine ». Des sources concordantes contactées hier en début de soirée par Forum des As, ont renseigné que le cartel au pouvoir en RD Congo sera représenté, entre autres, par Evariste Boshab, secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) et le député Ramazani, patron du groupe parlementaire du parti présidentiel à l’Assemblée nationale.

 
Par contre, côté Opposition, Vital Kamerhe de l’Union pour la nation congolaise (UNC), le MLC Thomas Luhaka, Félix Tshisekedi et Martin Fayulu figurent sur la liste des invités de cette Ong américaine. L’une des Sociétés civiles rd congolaise y sera représentée par Gérard Bisambu, Jérôme Bonso. Cependant, jusqu’hier soir, rien n’a fuité sur l’ordre du jour de cette rencontre organisée par ladite Ong. Toutefois, le choix des invités laisse à croire que cette rencontre sera essentiellement politique.

Pas de rencontre avec Obama

Depuis son annonce, la nouvelle du voyage des politiciens congolais pour Washington a jeté le pavé dans la marre au sein du microcosme politique du pays. A Kinshasa, principalement, les commentaires sont allés dans tous les sens. Dans les rangs de l’Opposition, on ne s’est pas empêché de soutenir que les questions liées au projet de révision constitutionnelle et au calendrier électoral seront discutées lors de cette rencontre qu’organise l’Ong américaine.

 
Enjeux politiques obligent ! Certains membres de l’Opposition vont même loin. A qui veut les entendre, ces opposants prétendent rencontrer le Président américain pour lui exprimer leurs desiderata. Pourtant, dans les couloirs de la Maison blanche, on apprend que rien de pareil. Barack Obama n’accordera aucune audience. Même pas à l’un des chefs d’Etat africain invité au Sommet.

 Alors, si déjà au plus haut niveau de la sphère du pouvoir, le Président américain n’aura pas le temps de recevoir en aparté l’un de ses homologues, aurait-il vraiment du temps à perdre pour recevoir des politiciens rd congolais, par ailleurs invités d’une structure non gouvernementale ? A priori, on s’aperçoit que ceux des leaders de l’Opposition qui ont soutenu la thèse d’une rencontre avec Barack Obama ont simplement voulu amuser la galerie au sein de leurs partis politiques respectifs.

Faut-il parler rd Congo loin de ses terres

L’échantillon des invités rd congolais à la réunion de l’Ong américaine est plutôt révélateur. La majorité présidentielle (MP) et l’Opposition politique, par leurs délégués interposés, échangeront sans doute sur la situation du pays. En toile de fond, les deux sujets évoqués ci-dessus. A savoir le très chahuté projet de révision constitutionnelle et l’horizon 2016. En temps normal comme en temps de crise, des échanges de ce genre procèdent de l’exercice élémentaire de la culture démocratique. Au bas mot, on dirait même que ce genre de rencontre devrait être permanent et non ponctuel. Parce que la démocratie exige un dialogue permanent entre l’Opposition et le pouvoir, il est tout à fait normal que pour la bonne marche du pays, l’anti-pouvoir relève les failles constatées dans la gestion de la Respublica. 

C’est donc le sens que les experts en Science Politique donnent à une Opposition véritablement républicaine. Le contraire procède d’un simple folklore politique qui n’avance rien. Trivialement, on parlerait même des postures évanescentes d’une classe politique sans aucune culture. 
Tout le problème est de savoir si les hommes politiques rd congolais doivent se parler bien loin, à l’extérieur, pour discuter des problèmes relevant de la politique intérieure du pays. A priori, non.

Hélas ! Il semble cependant que la recette est bien celle-là. Ancrés dans une sorte de « culture politique » totalement extravertie, les politiciens rd congolais ont plusieurs fois donné l’impression de n’avoir jamais atteint la maturité politique nécessaire pour trouver d’issues aux problèmes internes. La preuve, en février 2002, une rencontre de près de trois mois avait été organisée en terre sud-africaine pour parler de la destinée du pays. Il s’agit du fameux Dialogue inter congolais à Sun City, sous les auspices de Thabo Mbeki, alors Président du pays Arc-en-ciel.

 
Du point de vue même de la praxis politique, certains analystes dépassionnés estiment que le cadre institutionnel actuel offre des espaces de dialogue républicain dans la mesure où au Parlement, par exemple, on retrouve dans chacune des deux chambres, des membres aussi bien de la Majorité présidentielle que de l’Opposition politique. Par ailleurs, les mêmes analystes pensent également que les Concertations nationales tenues en octobre 2013 à Kinshasa, ont suffi pour poser les bases solides d’un cadre de dialogue en interne. 

Autrement dit, ce forum national qui a eu le mérite de réunir, les délégués de différents courants politiques ainsi que ceux de la Société civile, n’a pas été moins dialogue que ce qu’on prétendrait organiser soit aux Etats-Unis, soit dans n’importe quel pays du monde. Ridicule tout de même. Le has been ministre d’Etat sénégalais sous le régime Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, médiateur de la crise zaïroise en 1991, a-t-il eu tort de dire qu’il avait rencontré un peuple sans culture politique ? Si nous admettons que la culture est un élément identitaire d’un peuple, la trilogie est alors évidente. « Sans culture, point de peuple, sans peuple, point de démocratie », pour ainsi paraphraser le Français Pierre Dubreuil. 

Obama renoue avec un continent qui attendait beaucoup de lui

« L’Afrique a besoin d’institutions fortes, pas d’hommes forts », avait lancé, en juillet 2009, Barack Obama au Ghana, où il effectuait son premier voyage sur le continent d’origine de son père, kényan. Encore tout auréolé par son élection historique, le premier président métis de l’histoire américaine avait tenu un discours de vérité à ses hôtes, appelant le continent à assumer ses responsabilités, au lieu de blâmer l’Occident pour ses échecs.

Cinq ans plus tard, sous la pression d’un monde des affaires américain qui constate la spectaculaire percée économique de la Chine sur le continent, Barack Obama relance sa politique africaine, en conviant à Washington la plupart des dirigeants d’Afrique pour un sommet sans précédent dans l’histoire des États-Unis. Pendant trois jours, pour une grande première, la capitale américaine va se mettre à l’heure africaine, avec près de cent événements autonomes, organisés en marge de la réunion officielle des chefs d’État.

Mais cette fois, l’angle d’attaque est l’économie et l’investissement, même si les officiels s’empressent de souligner que la bonne gouvernance reste « un élément indispensable au succès du développement à long terme ». « La priorité est de changer l’image de l’Afrique » jusqu’ici surtout définie par ses conflits, explique auFigaro le sous-secrétaire d’État en charge des Affaires africaines, Robert Jackson.

Partenariat stratégique

À l’exception des dirigeants de Centrafrique et de ceux d’Érythrée, du Soudan et du Zimbabwe, à l’index de la communauté internationale, tous les chefs d’État ont été invités, même si certains violent des droits de l’homme. « Il y a une prise de conscience sincère que l’Afrique pèse de plus en plus lourd. Douze des vingt économies à la croissance la plus rapide sont en Afrique », poursuit le diplomate, soulignant l’importance du partenariat stratégique avec le Nigeria, l’Angola et l’Afrique du Sud.

« Nous devons être plus engagés et souligner les promesses économiques du continent africain », insiste Jackson, citant l’importance du soutien que le président veut apporter « aux jeunes leaders », avec lesquels un sommet informel s’est tenu la semaine dernière.

Malgré les guerres et conflits à répétition, le directeur du programme Afrique de l’Atlantic Council, Peter Pham, confirme qu’il « est urgent de redéfinir la perception américaine de l’Afrique, que nous continuons de voir, à tort, comme une terre où il faut faire l’aumône au lieu de percevoir les opportunités d’investissement ». « Nous sommes en retard, dans tous les sens du terme », martèle aussi la représentante Karen Bass, très impliquée.

Beaucoup d’observateurs affirment que la présidence Obama n’a pas été à la hauteur des espoirs qu’avaient mis en lui les Africains. « Leurs attentes étaient trop grandes, si on lit le programme électoral d’Obama, on voit bien qu’il n’y parlait pas beaucoup de l’Afrique », tempère Peter Pham.

La représentante Karen Bass affirme pour sa part que les multiples initiatives lancées par un président qui ne s’est rendu que deux fois en Afrique n’ont pas « la reconnaissance médiatique qu’elles méritent ». Elle affirme toutefois que l’Amérique doit mettre les bouchées doubles en matière d’investissement, face à une Chine dont les échanges commerciaux avec l’Afrique ont atteint 210 milliards en 2013, contre 85 pour les États-Unis.

Les Américains travaillent actuellement sur de grands projets d’électrification, menés par la compagnie General Electric, précise-t-elle. « Alors que Pékin apporte sa propre main-d’œuvre, GE investit dans la formation de la main-d’œuvre, un plus à long terme », dit Bass.

Grand pragmatisme

Washington juge en effet « urgent » d’engager une dynamique de création d’emplois manufacturiers à l’asiatique, vu la croissance démographique spectaculaire du continent. « En 2050, un jeune sur quatre sera africain, c’est un énorme potentiel, mais aussi un énorme risque. Si cette jeunesse n’est pas mise au travail, cela pourrait planter le décor de terribles événements », note Peter Pham.

Le discours sur les « opportunités » de l’Afrique, qui dominera le sommet, s’accompagne d’un grand pragmatisme à Washington sur les enjeux de sécurité.

Mettant en veilleuse ses traditionnels slogans sur « ses atouts » de pays « non colonial », l’Amérique a beaucoup renforcé son dispositif militaire en Afrique, s’impliquant dans les opérations de contre-terrorisme, au Sahel et au Nigeria face à Boko Haram, « en étroite coopération avec les Français », note Robert Jackson. « Ce que nous avons fait ensemble au Mali et en Centrafrique est tout à fait remarquable », confie-t-il.

Forum des As/L’Avenir/Le Figaro

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