Zuma rattrapé par une affaire vieille de 17 ans en Afrique du Sud

La plus haute juridiction sud-africaine a autorisé jeudi un vote de défiance

Vendredi 29 avril au matin, la Haute Cour de Pretoria a autorisé la réouverture d’une affaire de corruption contre le chef de l’Etat. Une vieille affaire qui date de 1999. Depuis des années, l’opposition tente à coups de procédures judiciaires d’obtenir la réouverture de ce dossier. Ils ont finalement eu gain de cause. Le président pourrait donc à nouveau être poursuivi pour 783 chefs d’accusation.

Il s’agit de poursuites pour corruption, fraude et racket en lien avec une affaire de pot-de-vin dans le cadre d’un contrat d’armement avec la société française Thalès en 1999. Jacob Zuma, qui n’était pas encore président, a été officiellement inculpé en 2007. Et deux ans plus tard, quelques semaines avant son élection à la tête du pays, les poursuites contre lui ont été abandonnées par le procureur général pour vice de procédure.

Les avocats de Jacob Zuma avaient alors réussi à convaincre la justice que leur client était victime d’un complot politique, alors qu’il était en pleine campagne pour la présidentielle. Ils s’étaient appuyés sur des enregistrements de conversations téléphoniques entre l’ancien chef du parquet et un policier de haut rang chargé de l’affaire.

A l’époque, le procureur avait donc abandonné les poursuites estimant que l’affaire était teintée politiquement. Et depuis, le principal parti d’opposition tente d’obtenir la réouverture des poursuites estimant le procureur n’avait aucune base légale pour justifier cette décision. Ce vendredi matin, la Haute Cour de Pretoria a finalement donné raison au parti d’opposition, jugeant que la décision du procureur de l’époque était « irrationnelle ».

Vers une réouverture de l’affaire ?

La justice estime que les poursuites n’auraient pas dû être abandonnées et recommande la réouverture de l’affaire. Maintenant, c’est au procureur de la République de se saisir du dossier et de réinstaurer les poursuites.

L’opposition semble dire que le parquet n’a pas le choix, mais dans les faits, le procureur actuel a été nommé par le président Zuma et – dans les décisions qu’on a pu voir jusqu’à présent -, semble être favorable au chef de l’Etat. D’autant plus que les avocats du président Zuma peuvent toujours faire appel de la décision de ce vendredi matin. Au tribunal, ils n’ont pas souhaité réagir.

Une chose est sûre, il s’agit d’un nouveau revers pour le président Zuma qui est empêtré dans une série de scandales. Le mois dernier la Cour constitutionnelle, la plus haute instance judiciaire du pays, a jugé que le président avait violé la loi en refusant de rembourser de l’argent public utilisé pour rénover sa résidence privée.